Le travail médical est ici décrit de façon microsociologique au cœur de la consultation et au côté des soignant·es. Comment les frontières géographiques et politiques formatent les corps des exilé·es et, par extension, la médecine ? Quelles blessures, maux de l’exil et pathologies de l’errance les touchent ? Comment prendre en charge les dégâts causés par la frontière ? Comment les personnels de santé composent-ils avec l’incertitude migratoire qui plonge, bien souvent, leurs patient·es dans la clandestinité ? Comment s’extraient-ils du conditionnement imposé par les frontières sur la prise en charge sanitaire ?
La médecine de demain progresse vers la construction d’un être humain augmenté et d’un transhumanisme repoussant les limites du corps au moyen de prouesses techniques et technologiques. C’est, à certains égards, le « rêve thérapeutique » (Illich, 1975) du triomphe de la médecine sur la mort. Sauf que cette technologie éloigne aussi les patient·es de leurs médecins, comme on peut le constater d’ores et déjà avec le développement de la télémédecine. La PASS donne à voir une médecine qui se déploie à rebours de cette tendance, une médecine où la présence physique des médecins auprès de leurs patient·es est nécessaire voire indispensable, notamment parce que ces dernièr·es sont des victimes qui doivent faire face à une double violence, celle de l’exil et celle de l’errance. Chacun de ces processus comporte son lot de souffrances auxquelles les professionnel·les de santé doivent tenter d’apporter une réponse…
Date de mise en ligne : 21/06/2023