« Nous étions dans une situation où l’Europe faisait face à la crise des migrants et maintenant c’est l’inverse, ce sont les migrants qui font face à la crise de l’Europe car la crise des migrants a servi de révélateur, un profond révélateur de toutes nos divisions, les divisions de l’Europe, de nos propres divisions et des divisions qui traversent notre cerveau » (Héran, 2016). La crise de l’hospitalité se traduit par une multiplication des frontières artificielles dans le monde, on compte près d’une trentaine de murs d’interdiction (Quétel, 2012) générant ainsi des « lieux-frontières » (Cuttitta, 2015) qui proposent des décors bien tristes à leurs habitant·es et aux personnes qui les traversent, les « clandestins », « ceux qui ne sont pas les bienvenus » (Laacher, 2007).
Des grilles ont été posées par les autorités espagnoles à Melilla et Ceuta, enclaves situées au Maroc, tandis que la Grèce a érigé un mur avec la Turquie en 2012, imitée ensuite par la Bulgarie. En juillet 2015, la Hongrie a posé un rideau de barbelés à lames la séparant de la Serbie et de la Croatie, puis, en novembre 2016, la frontière franco-britannique a été renforcée par un mur de 30 km présenté comme anti-intrusion et antibruit. Melilla, Harmanli, Briançon, Calais, Vintimille sont autant de villes symboles qui illustrent ce phénomène de « refermeture des frontières » (Vallet, 2014) et dont les démarcations sont matérialisées par du béton, des clôtures, des rangées de forces de l’ordre. « Il semble donc que les murs contre l’immigration aient de l’avenir au sein même de l’Union européenne » (Quétel, 2012)…
Date de mise en ligne : 21/06/2023