Dès l’origine, les pionniers de l’IA sont parfaitement au fait des deux systèmes qui caractérisent la cognition humaine, baptisés très simplement par le psychologue et économiste Daniel Kahneman, prix Nobel en 2002, « 1 » et « 2 » (figure 1) (Kahneman, 2012).
Ces pionniers sont intimement convaincus que le système 1, rapide, inconscient et automatique, se prêterait plus facilement à une reproduction logicielle sous forme neuronale, car il est fondamentalement parallèle, plus ancré dans la biologie et s’améliore par une simple pratique répétitive en ajustant les connexions synaptiques neuronales, et, dès lors, est moins accessible à la partie émergée de notre conscience. Le « behaviorisme » est un courant psychologique très populaire à l’époque malgré la percée des sciences cognitives. Il se base sur la présentation répétée des stimuli en entrée et des possibles réactions en sortie, apprises à force de les exécuter et enregistrées dans les connexions neuronales qui justement ont pour rôle d’associer, en les renforçant ou en les affaiblissant, les entrées aux sorties. Les derniers écrits, dans les années 1950, de John von Neumann (1903-1957), à qui l’on doit les fondamentaux des technologies de l’information, sont consacrés à ces mêmes réseaux. Pour lui, l’ordinateur est aussi constitué d’automates logiques d’une extraordinaire simplicité et qui, assemblés d’une certaine manière, conduisent à toute l’informatique d’aujourd’hui. Dès les années 1950 et 1960, les premiers réseaux de neurones logiciels voient le jour (figure 2), codés et testés pour, par exemple, s’atteler à la perception visuelle…
Date de mise en ligne : 29/12/2023