Quelques conclusions s’imposent, qui synthétisent la raison de mon inquiétude quant à une régression actuelle de ma discipline de prédilection. Je passerai sous silence toutes les utilisations malveillantes possibles de ce type de logiciel dont la presse se fait très largement l’écho, comme la possibilité de récupérer des codes afin de nuire à celui qui les exécute sur son ordinateur, la production de fake news, malgré l’aplomb avec lequel elles sont énoncées, la remise en question de nos systèmes éducatifs au vu des possibilités de plagiat et d’extraordinaires coups de main rédactionnels rendus possibles par ces larges modèles de langage, la remise en question de toute vérité et de la notion même de « droits d’auteur ». Les deux missions fondamentales de nos universités, enseignement et recherche, se voient considérablement remises en question par l’émergence de ces logiciels ; osons un pronostic : sans doute à 80 % dans sa mission d’accès au savoir existant, mais nettement moins, à 20 %, dans sa mission de production de nouveaux savoirs. Cependant, c’est plutôt l’évolution actuelle de l’IA qui m’inquiète au plus haut point.
En effet, il devient de plus en plus aisé de remplacer le génie humain par la puissance de nos ordinateurs, comme quand l’apprentissage par renforcement permet de faire l’économie des heuristiques ou des évaluations intermédiaires. Le match d’AlphaGo contre Lee Sedol (le meilleur joueur de go de tous les temps) en est un exemple saisissant. Ce dernier a perdu face à un logiciel jouant sans science apparente, et dès lors sans vraiment comprendre comment…
Date de mise en ligne : 29/12/2023