« Commant la science des nombres se peult appliquer au fait de marchandise » : dans l’un des trois appendices au texte principal de son ouvrage Triparty en la science des nombres (1484), le mathématicien français Nicolas Chuquet évoque la façon dont les opérations sur les nombres qu’il expose dans un cadre général peuvent s’appliquer à des problèmes divers dans le cadre du négoce. Luca Pacioli, dans sa Summa de arithmetica, geometria, proportioni et proportionalita (1494), précise également que « la seconde chose nécessaire au marchand (la première étant d’être riche) est de savoir calculer rapidement ».
Le commerce à grande échelle, dont on peut voir les prémices dès le xie siècle avec la multiplication des marchés locaux, s’est développé sur tout le pourtour méditerranéen aux xiie et xiiie siècles, à travers un jeu complexe d’alliances diplomatiques et d’intérêts économiques avec les pays d’Islam dans lequel les marchands de Pise, Venise et Gênes se taillaient la plus belle part. Cette expansion commerciale a vite nécessité le développement de techniques élaborées dans le cadre des échanges monétaires, des prêts et des contrats d’assurance sophistiqués, ainsi que du fonctionnement des banques. Le recours à la comptabilité « en partie double », qui utilise une écriture des « débits » et des « crédits », afin que le solde soit toujours nul, et l’usage de lettres de change, grâce auxquelles un créancier charge un débiteur de régler une somme convenue à lui-même ou à un tiers, font partie de ces innovations dans les derniers siècles du Moyen Âge…
Date de mise en ligne : 21/03/2024