La méthanisation désigne la dégradation de matières organiques conduisant, d’une part, à un biogaz* énergétique – dont la version épurée est le biométhane* – et, d’autre part, à un digestat*. Cela s’opère par une digestion anaérobie, c’est-à-dire en absence d’oxygène. Si l’on doit à Alessandro Volta d’avoir montré en 1776 la propriété combustible du gaz produit dans les marais et, au début du xxe siècle, à Karl Imhoff la fosse éponyme pour la décantation des eaux usées, c’est au cours des années 1940 que la méthanisation a été appliquée aux déchets agricoles et effluents d’élevage (R. Moletta, La méthanisation, 2015, p. 3-4). L’appropriation du procédé au niveau des exploitations agricoles a été différente d’un pays à un autre ; il suffit de penser à son développement en Allemagne (P. Jutteau, Analyser les transformations ambivalentes de l’agriculture allemande en lien avec la méthanisation au prisme du concept de multifonctionnalité, 2018), plus précoce qu’en France. La méthanisation a crû Outre-Rhin depuis la décennie 1990 et plus encore avec la loi sur les énergies renouvelables en 2000 (Erneuerbare-Energien-Gesetz), garantissant une rémunération de l’électricité produite sur vingt ans. Dès 2011, l’on dénombre ainsi en Allemagne quelque 7 100 installations, pour une puissance électrique globale de 2 780 MW, de nature à couvrir 3,1 % de la consommation électrique du pays. Fin 2017, environ 9 300 unités de méthanisation, dont 8 200 de méthanisation agricole, représentent une puissance installée de plus de 4 800 MW, soit 4,5 % de la production électrique totale allemande, là où en France l’on recense alors 426 unités de méthanisation, pou…