Si l’importance d’une discipline scientifique peut se mesurer par les références dans la culture populaire, les théories de la relativité (la relativité restreinte et la relativité générale) occupent une place très privilégiée dans l’imaginaire collectif. Voyages dans le temps, trous noirs, espace-temps, antimatière, « E égale m c deux », toutes ces expressions résonnent aujourd’hui de façon familière, même aux oreilles de publics peu sensibilisés à la physique, au moins autant grâce aux films, séries et livres de science-fiction ou de vulgarisation que par l’enseignement scolaire. Une des raisons en est probablement que ces théories révolutionnent notre façon de concevoir le temps, notion – préoccupation – universelle par excellence.
La relativité restreinte est aujourd’hui enseignée au lycée, dans le but de ne pas laisser des bacheliers scientifiques n’avoir jamais entendu parler de cette théorie pendant leur scolarité. Si l’on tente de formuler cet objectif de façon positive, la question se pose de savoir ce qu’on veut que ces bacheliers aient compris exactement. David Mermin se la posait déjà lorsqu’il tentait d’intégrer la relativité dans les programmes de « High School » aux États-Unis à la fin des années 1960 mais rien ne laisse penser que les leçons qu’il en avait tirées aient été vraiment entendues ni comprises depuis.En effet, les programmes actuels laissent très peu de place à la présentation de notions fondamentales qui permettraient aux lycéens de comprendre comment la relativité nous demande de revoir notre façon de concevoir l’espace et le temps, au-delà d’un « le temps s’écoule moins vite pour un observateur en mouvement » qui au mieux n’a aucun sens, au pire est un contresens total…
Date de mise en ligne : 01/06/2022