Comprendre et maîtriser les relations entre environnement et pathologies était un enjeu fondamental pour la médecine coloniale (chapitre i). Durant la seconde moitié du xxe siècle, la relation entre environnement et santé a changé de sens pour perdre son statut de donnée naturelle et renvoyer au caractère pathogène des activités humaines. Les expositions aux substances toxiques, la documentation de leurs effets — si ce n’est les tentatives pour y remédier — ont ainsi, depuis le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, acquis droit de cité dans les arènes de l’ONU. Avec la généralisation des dégâts anthropogéniques liés au changement climatique, à l’érosion de la biodiversité, aux déstabilisations massives des écosystèmes, d’autres registres de couplage entre crises écologiques, pathologiques et politiques sanitaires sont apparus qui relèvent d’enjeux globaux. Ce chapitre revient sur ce double mouvement de mondialisation et de planétarisation des problèmes en s’intéressant successivement à la façon dont la santé environnementale a gagné les Suds, à la réinvention des liens entre santé animale et santé humaine autour du mouvement One Health et, enfin, aux proclamations toutes récentes en faveur d’une santé planétaire dans le but affiché de remédier au déficit d’intérêt de la santé globale pour l’écologie.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une fuite massive d’isocyanate de méthyle (40 tonnes) se produit dans l’usine de pesticides de la succursale indienne de la firme américaine Union Carbide située à Bhopal (Madhya Pradesh)…
Date de mise en ligne : 19/10/2023