Rétablissement, intégration sociale, partenariat avec les patients, approches personnalisées en santé... la psychiatrie est, depuis une vingtaine d'années, au confluent de plusieurs approches qui visent à faire des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale des acteurs à part entière dans l'élaboration de leur traitement et à améliorer les soins afin qu'ils correspondent mieux à leurs besoins.
Par ailleurs, la préoccupation pour la gestion des risques en santé mentale demeure centrale dans la pratique de la psychiatrie. Dans cette perspective, la coercition est, par le biais de procédures telles que l'internement contre le gré de la personne ou les ordonnances de traitement dans la communauté, présentée comme un mal nécessaire pour le « bien » de la personne (éviter qu'elle ne se blesse ou se suicide) et celui d'autrui (éviter qu'elle ne blesse autrui).
Ainsi, lorsqu'il faut évaluer jusqu'où respecter l'autonomie des patients et à partir de quel moment intervenir pour leur bien, les intervenants se trouvent face à des dilemmes éthiques [3]. Par exemple, en ce qui concerne les ordonnances de traitement dans la communauté, deux camps s'opposent. Pour les partisans du premier, les ordonnances de traitement permettent aux personnes de demeurer dans la communauté et contribuent à éviter les rechutes et les réhospitalisations. Ces personnes reconnaissent que cette pratique est coercitive, mais qu'elle l'est pour le bien de personnes qui ne seraient pas toujours capables de juger ce qui est bon pour elles…