Je n’étais pas volontaire pour traiter d’un tel sujet, pour traiter du sens de la vie. Non seulement ce n’est pas une expression dont je fasse usage dans la conversation quotidienne, mais je crois ne l’avoir jamais employée dans les trop nombreux livres et articles que j’ai publiés. Je ne fais pas cette remarque personnelle pour proposer mon usage de la langue française comme un modèle à suivre, vous vous en doutez, mais pour marquer la difficulté qui est la mienne lorsqu’il me faut répondre à l’invitation si amicale des organisateurs de ce colloque, et en particulier du professeur Carosella. Pour surmonter cette difficulté d’une manière qui réponde malgré tout à l’intention du colloque, je vais essayer d’esquisser d’autres manières de poser la ou les questions que recouvre l’expression « sens de la vie », partant d’autres manières d’essayer d’y répondre. Ces questions ou réponses alternatives ne seront pas de mon invention, bien sûr, elles sont disponibles dans les diverses traditions de vie et de pensée de notre civilisation.
La première remarque que je ferai, c’est qu’il n’est pas certain que la question du sens de la vie se pose effectivement. Est-ce que la question se pose effectivement, ou n’est-ce pas plutôt une question que nous nous posons, à nos heures de loisir, de loisir studieux, quand par exemple nous devons intervenir dans un colloque ? Est-ce une question première, une question « existentielle » ? Cela y ressemble puisque cette question envisage la vie dans son tout, mais est-ce dans ces termes que nous posons effectivement les questions qui nous importent …