Le fait que les outils de rééducation cognitive soient présentés de plus en plus fréquemment sous forme informatisée est une évolution logique de l’ère technologique dans laquelle nous vivons. Ce qui est plus déconcertant, c’est que ces outils informatisés ont été adoptés très rapidement par les professionnels de la rééducation, mais également par un public plus large, alors que les preuves scientifiques concernant l’efficacité et la validité de ces outils sont encore manquantes ou, du moins, partielles et préliminaires. L’objectif de ce chapitre est de passer en revue les preuves empiriques disponibles concernant les outils de rééducation de la mémoire de travail et des fonctions cognitives supérieures. Avant d’aborder cette revue de littérature, il est important de commencer par un bref survol des différents processus cognitifs impliqués dans le terme générique des fonctions cognitives dites supérieures.
Les fonctions cognitives supérieures peuvent être définies comme l’ensemble des processus cognitifs impliqués dans la réalisation de tâches nécessitant un contrôle et une planification mentale importante. Elles incluent la mémoire de travail, les fonctions attentionnelles et les fonctions exécutives. Ces trois aspects sont fortement interdépendants et interagissent avec d’autres systèmes tels que les bases de connaissances en mémoire à long terme (système langagier, représentations visuelles). Les fonctions cognitives supérieures peuvent être schématiquement représentées (voir Figure 1) en distinguant trois niveaux de composantes : 1. l’activation des bases de connaissances en mémoire à long terme, 2. les processus de contrôle attentionnel et exécutif permettant le maintien et la manipulation des informations d’une tâche en cours, et 3. le maintien de l’ordre des différents éléments activés les uns par rapport aux autres (voir Majerus, 2018b, 2019, pour une description plus détaillée)…