Les techniques en neuroimagerie fonctionnelle et structurelle nous ont permis d’avancer dans la compréhension des relations entre cerveau, cognition et comportement chez le sujet sain à une vitesse considérable au cours des 25 dernières années. Les mêmes techniques, en particulier l’imagerie par résonance magnétique (IRM), basée sur l’analyse du taux d’oxy/désoxy-hémoglobine sanguin des molécules d’eau dans le tissu cérébral et soumises à un champ magnétique, et le PET scan, basé sur les variations régionales du débit sanguin par marquage via un traceur radioactif, ont également permis d’affiner considérablement nos méthodes diagnostiques et la compréhension des troubles neurologiques auprès du patient cérébrolésé ou du patient suspecté d’avoir une atteinte cérébrale. Par contre, le potentiel de ces techniques pour la compréhension des améliorations (ou de l’absence ce ces améliorations) de ces mêmes patients dans un contexte de récupération et de rééducation est encore sous-estimé et sous-exploité. L’objectif de ce chapitre est de discuter l’apport que les techniques en neuroimagerie, et surtout l’IRM fonctionnelle, peuvent avoir pour la compréhension des processus impliqués dans la plasticité cérébrale, les limites de cette plasticité, et l’effet de la rééducation sur cette plasticité. Nous allons nous focaliser sur le domaine de l’aphasie car c’est dans ce domaine que la littérature qui nous intéresse ici est (un peu) plus abondante.
Plusieurs études se sont intéressées à déterminer les corrélats cérébraux fonctionnels qui seraient indicatifs d’une récupération favorable ou non favorable, à court ou à long terme, des capacités langagières suite à un accident vasculaire cérébral ou un autre type de lésion affectant les aires du langage dans l’hémisphère gauche, et ceci indépendamment d’une prise en charge…