La Nature est omniprésente dans nos vies, du plastique de nos claviers d’ordinateurs à la terre sous nos pieds. Pourtant, elle est notoirement invisible dans nos modes d’organisation, notamment économiques. Ce paradoxe cause un problème dramatique : « l’invisibilité économique des flux de la Nature dans l’économie contribue de manière significative à la dégradation des écosystèmes et à la perte de biodiversité » (rapport des Nations unies sur l’économie des écosystèmes et de la biodiversité, 2010, p. xxvi). Pour pallier cette contradiction et intégrer la Nature dans les processus décisionnels, la valorisation financière des éléments naturels, soit l’association d’un lac, une forêt ou une espèce à une valeur monétaire, est une pratique de plus en plus récurrente. Par exemple, en 2018, le World Economic Forum estimait à 125 billions de dollars américains la contribution de la Nature aux activités économiques mondiales. Au total, 79 000 études ont tenté de valoriser les services rendus par la Nature et ce volume augmente de 10 % par an depuis quarante ans (Masood, 2022).
Cependant, ce foisonnement d’études ouvre autant d’interrogations qu’il en résout. La Nature peut-elle se réduire à une valeur financière unique ? Dans le cas contraire, quelles autres valeurs doit-on considérer pour une prise de décision la préservant ? Quelles conceptions de la Nature, de l’être humain et de leurs interactions sous-tendent les valorisations ? Ces questions sont essentielles pour repenser nos modes d’organisation et elles se posent tout particulièrement en sciences de gestion car les activités économiques ont été pointées du doigt pour l’ampleur de leurs impacts sur la Nature (Cuckston, 2018)…
Mots-clés éditeurs : valeur(s), valorisation, écocentrisme, nature, anthropocentrisme
Mise en ligne 16/09/2024
https://doi.org/10.1684/rfg.2024.32