Introduction
1Devant les résultats insuffisants des traitements conventionnels, 4 Français sur 10 font appel à des pratiques non conventionnelles vantées par un flux croissant d’informations non contrôlées.
2Parmi la multitude de termes employés : médecines douces, naturelles, alternatives, complémentaires, les auteurs optent pour thérapies complémentaires (Th C) ou soins de support en cancérologie.
3Développées insidieusement, sans contrôle en pratique privée, ces Th C sont entrées pour certaines, dans les CHU et dans certaines facultés (DIU et DU).
4Les évaluer devenait une nécessité, c’est l’objet de ce rapport, destiné à préciser leurs effets et leurs éventuels dangers, préciser leurs indications et établir de bonnes règles pour leur utilisation.
5Parmi les 17 catégories de Th C de la liste MeSH et les 400 pratiques de Miviludes, 4 techniques ont été retenues : l’acupuncture, la médecine manuelle (ostéopathie et chiropraxie), l’hypnose et le Tai Chi : elles sont les plus riches en publications indexées et celles que privilégie l’APHP.
6Les démarches initiées en 2006 (universités et autorités gouvernementales) visant à rechercher une convergence entre médecine occidentale et traditionnelle chinoise n’ont pas été retenues.
Méthodes
Acupuncture
7Inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, elle connaît une diffusion mondiale mais ses fondements théoriques n’ont pas été reconnus pas plus que la réalité de son action ni la preuve de son utilité.
8Dans l’état actuel des connaissances, l’acupuncture peut apporter un bénéfice dans les lombalgies et cervicalgies chroniques, la migraine ou céphalée de tension, l’arthrose des membres inférieurs, l’épicondylite, aux femmes enceintes éprouvant des douleurs des lombes ou du bassin et lors des douleurs de l’accouchement de même que pour prévenir les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie anticancéreuse.
9Son utilité dans la fibromyalgie est incertaine. Son effet dans d’autres indications n’est pas exclu mais non démontré.
Méthodes manuelles : ostéopathie, chiropractie
10Les conclusions retenues sont que les manipulations rachidiennes (MR) sont modérément efficaces sur la lombalgie aiguë, subaiguë ou chronique, sur la cervicalgie aiguë, subaiguë ou chronique, sur la céphalée d’origine cervicale, les états vertigineux d’origine cervicale et à un degré moindre sur la migraine.
11Les complications possibles des MR sont rares mais graves.
12Enfin, il est permis de penser que les résultats sont probablement manipulateur-dépendants.
Hypnose
13Les publications sont nombreuses et les résultats souvent encourageants mais ils peuvent également diverger.
14Les indications les plus intéressantes semblent être la douleur liée aux gestes invasifs chez l’enfant et l’adolescent et les effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses. Cependant, il est possible que de nouveaux essais viennent démontrer l’utilité de l’hypnose dans d’autres indications. Notons par exemple qu’un travail publié par l’American Journal of Gastroenterology [54] fait état d’un effet favorable de l’hypnose sur les anomalies biologiques et histologiques de la colite ulcéreuse en phase active (effet absent chez les patients contrôles).
Tai Chi et Qigong
15Pour beaucoup de gériatres et professionnels s’occupant du vieillissement, le Tai Chi est considéré comme un excellent moyen de prévention des chutes, avec l’avantage de se pratiquer en groupe et d’influer de surcroît sur le versant cognitif des patients.
L’effet placebo
16L’évaluation de ces pratiques est difficile et la conception d’un placebo satisfaisant pratiquement impossible.
17L’empathie accompagnant ces pratiques, joue certainement un rôle essentiel. N’agit-elle pas par l’intermédiaire de ce seul effet placebo ?
18Comme le font remarquer les auteurs du rapport, l’assimilation des Th C parmi les plus pratiquées, à un placebo, ne les disqualifie pas mais leur confère, au contraire, compte tenu des intermédiaires neurobiologiques aujourd’hui connus de cet effet placebo, les données scientifiques qui leur faisaient défaut jusqu’à présent et laisse entrevoir une moyen objectif d’apprécier leur action.
Réglementation, formation et conditions d’exercice
19Le rapport fait état de ces 3 rubriques qu’il est impossible de résumer ici pour les 4 disciplines abordées.
20L’explosion du nombre des ostéopathes par exemple, doit faire prendre conscience du sérieux du problème aux autorités de tutelle.
Annexes
21Utiles à la compréhension du travail accompli :
- ▸ 12 personnalités auditionnées ;
- ▸ Liste des MeSH des thérapies complémentaires ;
- ▸ Les thèmes de recherche clinique à l’APHP.
Bibliographie
2356 références ont été utilisées pour la rédaction de ce rapport.
24[54] Mawdsley JE, Jenkins DG, Macey M.G. et al. The effect of hypnosis on systemic and rectal mucosal measures of inflammation in ulcerative colitis. Am J Gastroenterol 2008;103(6) :1460-69.
Commentaires
25Le travail réalisé par les experts de l’ANM est énorme et c’est avec sagesse que le rapport s’est limité à 4 ThC.
26La lecture de l’annexe « Liste des MeSH des Th C » montre l’étendue des domaines touchés par ces disciplines : il était impossible d’en aborder davantage.
27Le « phénomène mondialisation » nous impose d’aborder ces Th C avec sérieux et détermination. L’information via internet permet le meilleur et hélas le pire également. Il faut savoir l’utiliser et comme cela a été le cas de ce rapport, diffuser ce qui a été validé aussi bien de manière positive que négative.
28Le corps médical ne soit pas oublier que Pasteur, Roentgen, les Curie n’étaient pas des médecins.
29Des colloques comme « Ecomédecine », « Quantique planète » des revues (Focus on Alternative and Complementary Therapies – An evidence-based approach par exemple) concernent ce sujet des ThC.
30Nous avons besoin des pharmaciens et biochimistes déjà réunis au sein de l’Institut d’Ethnopharmacologie », des physiciens pour mieux comprendre à la suite des Russes, comment fonctionne la médecine quantique tant au niveau diagnostique que thérapeutique etc.
31Les spécialistes des neurosciences, du microbiote, doivent être mis à contribution.
32Enfin, n’oublions pas que tout cela a un coût. C’est dans cette optique que toute étude doit s’accompagner de son incidence médico-économique en essayant de tendre, coûte que coûte vers cette médecine 4 P si Prometteuse… tiens tiens, un cinquième !…