1Si les lieux et causes de décès ont fait l’objet d’une abondante littérature, les circonstances de la fin de vie, phase ultime de l’existence, restent largement inexplorées en France.
2S’appuyant sur l’enquête « Fin de vie en France » menée à l’INED pour la métropole en 2010, on se propose de décrire les lieux de vie au cours du mois précédant la mort et d’examiner les transferts entre domicile, institution et hôpital, afin de mieux comprendre pourquoi le maintien à domicile est finalement peu fréquent à ce dernier stade de l’existence. En effet, la majorité des personnes souhaitent mourir chez elles, mais un quart seulement le font.
3L’enquête « Fin de vie en France » permet de retracer le parcours résidentiel et médical avant le décès. Quatre semaines avant leur mort, 45 % des personnes vivent à domicile en cas de décès non soudain, mais le jour du décès elles ne sont plus que 18 % dans ce cas. Quitter son domicile pour entrer à l’hôpital et y décéder est le parcours le plus fréquent (30 %), passer l’ensemble du dernier mois de l’existence chez soi l’est deux fois moins (14 %). Le départ de l’hôpital pour regagner son domicile est beaucoup plus rare (2 %).
4Famille et amis sont plus souvent présents au moment du décès lorsqu’il a lieu à domicile plutôt qu’à l’hôpital : à domicile, les proches sont les seuls présents dans 44 % des cas, et ils sont assistés de professionnels dans 26 % des cas, contre respectivement 26 % et 7 % en cas de transfert à l’hôpital. Décéder à domicile en la seule présence de soignants est très rare (5 %) alors qu’un décès sur deux survient dans ces circonstances à l’hôpital. Enfin, on meurt plus souvent sans témoin à domicile : c’est le cas pour 21 % des personnes contre seulement 7 % lorsque le décès a lieu à l’hôpital.
5La complexité des soins rend souvent le maintien à domicile impossible, ce qui motive le transfert à l’hôpital. C’est de fait la raison la plus souvent évoquée pour justifier le non-respect du souhait de certains patients de décéder chez eux.
6Pour en savoir plus :
7Site enquête : https://fdv.site.ined.fr/fr/publications/
Quelques références
- 1Pennec Sophie, Gaymu Joëlle, Riou Françoise, Morand Elisabeth, Pontone Silvia, Aubry Régis. 2015. Mourir chez soi : un souhait majoritaire mais une situation peu fréquente. Population & Sociétés, 254, 4 p.
- 2Pennec Sophie, Monnier Alain, Pontone Silvia, Aubry Régis. 2012. Les décisions médicales en fin de vie en France. Population & Sociétés, 494, 4 p.
- 3Pennec Sophie, Gaymu Joëlle, Morand Elisabeth, Riou Françoise, Pontone Silvia, Aubry Régis, Cases Chantal. 2017. Trajectories of care home residents during the last month of life : the case of France. Ageing and Society, 37 (2) : 325-351.
- 4Pennec Sophie, Riou Françoise, Monnier Alain, Gaymu Joëlle, Cases Chantal, Pontone Silvia, Aubry Régis. 2013. Fin de vie au domicile en France métropolitaine en 2010 : à partir d’une étude nationale en population générale. Médecine Palliative, 12 : 286-297.
- 5Pennec Sophie, Gaymu Joëlle, Monnier Alain, Riou Françoise, Aubry Régis, Pontone Silvia, Cases Chantal. 2013. Le dernier mois de l’existence : les lieux de la fin de vie et de la mort en France. Population-F, 68 (4) : 585-616.
- 6Pennec Sophie, Monnier Alain, Pontone Silvia, Aubry Régis. 2012. End-of-life medical decisions in France : a death certificate follow-up survey 5 years after the 2005 Act of Parliament on Patient’s Rights and End of life. BMC Palliative Care. Biomed Central, Springer-Verlag.