Notes
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EA 2374, Centre d’études en psychopathologie et psychanalyse (CEPP), Université de Paris-VII-Jussieu, 11 bis, rue Eugène-Jumin, 75019 Paris
<gillestrehel@hotmail.com> -
[1]
Les ouvrages de l’Histoire de la IIe internationale contiennent de précieuses informations sur les comptes rendus des organisations des différents pays, les listes des délégués mandatés, les organisations des congrès et les décisions du Bureau, les premières séances plénières, les deuxièmes séances plénières, les réunions des journalistes.
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[2]
On doit à Gilbert Badia différents travaux sur Rosa Luxemburg dont une biographie : Rosa Luxemburg, journaliste, polémiste, révolutionnaire. Paris : Éditions Sociales, 1975.
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[3]
À ne pas confondre avec son homonyme Manon Roland dont le nom est attaché à la Révolution française.
1Helene Deutsch est une grande psychanalyste qui termina sa carrière à Boston. Sa vie nous est connue par son ouvrage Confrontation with myself – publié en français sous le titre d’Autobiographie – qu’elle écrit à la fin de sa vie. Cette source de première main nous informe sur ses premières années. Helene Rosenbach (son nom polonais d’origine est Rosenbachowa) est la dernière d’une fratrie de quatre enfants. Elle naît en 1884 en Pologne à Przemysl, une ville importante de Galicie [14], partie de la Pologne, dont l’historien Norman Davies, nous dit qu’elle a été intégrée à l’Empire austro-hongrois en 1772 [9]. Dans son autobiographie, elle parle de trois éléments majeurs, de véritables bouleversements, qui ont marqué sa vie : son émancipation, sa révélation avec le socialisme, sa rencontre avec l’inconscient [14] dont elle témoigne dans ses premiers travaux [31]. Adolescente, en réaction avec sa mère avec qui elle est en conflit, Helene commence une relation avec Herman Lieberman, politicien polonais beaucoup plus âgé qu’elle et marié [14]. Sa rencontre avec lui est déterminante dans son engagement dans le socialisme. En 1967, elle aborde dans un ouvrage, le thème de la protestation révolutionnaire dans les groupes d’adolescents [10]. Dans un article sur l’adolescence paru en 1969, elle écrit : « Une certaine dose d’esprit révolutionnaire [...] est typique, normale, et nécessaire dans la lutte adolescente [11] [...] » Pour Helene, cet esprit révolutionnaire trouve une expression dans l’engagement politique et l’amour pour cet homme. Il fut pendant de nombreuses années au centre de sa vie de femme [14]. La relation entre Lieberman et Helene commence en 1898 selon Paul Roazen, son biographe [27] ou en 1900, selon l’autobiographie d’Helene [14] et s’arrête fin 1910, début 1911, d’après leur correspondance [27]. Elle durera donc de ses 14 ou 16 ans à ses 27 ans, période, de par la relation qu’elle entretient et par son choix idéologique, marquée par les idées socialistes de Lieberman. Dans son autobiographie déjà citée parue alors qu’elle a 89 ans, elle décrit un événement ayant fait date tant dans son vécu de femme que dans la question de son engagement socialiste : il s’agit du congrès de l’Internationale socialiste de 1910. Elle y fait la rencontre de deux femmes socialistes éminentes : Rosa Luxemburg et Angelica Balabanoff.
2Si nous revenons à une chronologie des travaux d’Helene, c’est tout d’abord dans une communication en 1970 intitulée « La sublimation de l’agressivité chez les femmes » – dont un extrait sera publié en français en 1983 [13] – qu’elle parle des deux femmes [12]. Dans cette communication de 1970, le Congrès n’est pas mentionné. Dans l’autobiographie, de 1973, Helene reprend les mêmes informations et y ajoute des données plus personnelles sur la rencontre en 1910 des deux leaders socialistes. Aussi nous nous appuierons principalement sur ce second document.
3Dans son autobiographie, Helene écrit : « J’ai appris, lors de la rédaction, que quelle que soit la sincérité de l’effort d’objectivité que l’on puisse faire, chaque souvenir est en fait plus ou moins modelé par l’état psychique du moment, ainsi que par l’influence qu’il aura, de façon continue, sur toute la vie [14]. » En nous basant sur la méthode historique critique d’Henri F. Ellenberger [16] et en tenant compte de la mise en garde d’Helene, nous nous appuierons sur un certain nombre de documents et montrerons sa place dans ce congrès, le rapport qu’elle eut avec les deux dirigeantes socialistes, et les déformations que sa mémoire amène à cette période. Il en ressort une image peu connue d’Helene avant qu’elle ne se consacre à la psychanalyse.
Engagement socialiste au côté de Lieberman : de Przemysl au Congrès de l’Internationale socialiste
4Sa rencontre avec Lieberman est déterminante dans son engagement dans le socialisme. Helene s’implique dans le mouvement en le suivant. Elle écrit : « Je devins le meilleur lieutenant de son “armée” politique [14]. » Elle crée le premier comité d’ouvrières de Przemysl à l’époque où, précise-t-elle, il en existait fort peu dans le monde, et fut la première instigatrice d’une grève féminine des ouvrières. Comme elle le rappelle, les femmes, à cette époque, ne jouaient qu’un rôle limité dans la lutte des travailleurs contre l’exploitation. Les hommes voulaient améliorer leur sort afin qu’elles n’aient pas à travailler en dehors de leur foyer et de ce fait à négliger leurs obligations domestiques. L’attitude des femmes de la classe laborieuse se satisfaisait souvent du soutien passif à leurs maris comme le montre Auguste Bebel [5, 6]. Les femmes espéraient surtout ne pas être obligées de travailler à l’extérieur de leur foyer. Cette position ne convenait pas à Helene.
5Auprès des ouvrières d’une usine de chemises, Helene devint l’investigatrice de la première grève féminine. Elle participa aux piquets de grève, et organisa des discussions sur des thèmes sociaux et culturels [14].
6La relation entre Helene et Lieberman est développée par Roazen, nous ne la reprendrons pas [27]. En 1907, Lieberman représentant de la Pologne, est nommé délégué au Parlement, qui se trouvait à Vienne. L’ambition d’Helene d’étudier dans une université lui fournit, comme elle l’écrit, une raison de quitter Przemysl pour la capitale autrichienne [14]. Sur son engagement politique à Vienne, elle ne dit rien dans son autobiographie. Pour ce qui est de Lieberman, il nous est possible de découvrir son activité entre 1907 à 1910 à travers un compte rendu du Parti social démocratique de la Pologne d’Autriche (PPSD) auquel il appartenait [20] [1]. Mais laissons de côté cet aspect. Son poste est important. Appuyons-nous sur l’Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière. En resituant sa position dans le contexte politique, on voit qu’il est l’un des six élus polonais socialistes, il y a alors quatre-vingt-sept élus socialistes sur cinq cent seize représentants parlementaires autrichiens [8]. Par ses responsabilités, écrit Roazen, Lieberman participait à des rencontres internationales du Parti socialiste. C’était un socialiste dévoué au mouvement de l’Internationale [27]. En 1907, du 6 au 24 août, se déroule le Congrès de Stuttgart. En effet, si on se reporte à la liste des délégués mandatés, on y découvre le nom de Lieberman [19]. Le Congrès, comme on peut le lire dans la partie concernant l’organisation, avait pour objet le militarisme et les conflits internationaux [19]. Helene, on peut l’imaginer, allait avoir, par son intermédiaire, connaissance du contenu du Congrès. C’est au congrès suivant qu’elle va aller. Elle écrit : « En 1910, pendant mes vacances d’été, nous assistâmes tous deux au Congrès international à Stockholm [14]. » Partons des faits tels qu’ils sont présentés par Helene et reportons-nous au travail de Georges Haupt sur les congrès de l’Internationale socialiste [18]. On découvre une erreur dans la retranscription des souvenirs d’Helene quant au lieu. En 1910, le Congrès ne se déroula pas à Stockholm mais à Copenhague. C’est en 1917 qu’il se tint Stockholm et Helene n’y est pas.
7En 1910, la présence aux côtés de Lieberman à un congrès international où les valeurs socialistes étaient débattues devait être flatteuse pour Helene. Qui plus est, le sort de l’humanité était en jeu. Selon l’organisation du congrès, le Congrès de Copenhague se tint du 28 août au 3 septembre 1910. Les débats portèrent sur la définition des moyens propres à conjurer un conflit armé et notamment sur le thème de l’arbitrage et du désarmement, selon l’organisation du congrès [20]. Helene écrit dans son autobiographie que c’est à ce congrès qu’elle peut pour la première fois y découvrir une vision internationale du socialisme. Elle y découvre la plupart des grands noms des cercles scientifiques et théoriques du mouvement et ceux qui s’étaient engagés dans l’organisation directe du parti. Elle cite Jean Jaurès, Bebel et Karl Kautsky.
8En lisant la liste des Délégués Mandatés, on découvre que Bebel était absent [20]. Le compte rendu analytique du Congrès indique que, lors de la séance plénière, Thorvald Stauning, délégué du Danemark, déclare que Bebel, par son ardent travail, incarne le mouvement ouvrier international. Ses propos furent suivis d’ovations et d’applaudissements [20]. À la deuxième séance plénière, une lettre de Bebel [20] est lue par Camille Huysmans, secrétaire de l’Internationale socialiste. La lecture est également ovationnée. L’erreur d’Helene nous interpelle sur sa présence. Comment la vérifier ? Consultons la liste des personnes autorisées à assister au Congrès, c’est-à-dire la liste des délégués mandatés. Le nom d’Helene n’y figure pas [20] et son nom n’apparaît pas non plus parmi les journalistes [20]. Pourtant comme nous l’avons vu plus haut, elle utilise le verbe « assister » : « En 1910, pendant mes vacances d’été, nous assistâmes tous deux au Congrès international à Stockholm. » À quel moment du Congrès a-t-elle pu participer ou assister : réunion du Bureau socialiste international, réunion des sections, séance de la Commission interparlementaire, séance plénière, rapports des secrétaires nationaux ? Dans son autobiographie, Helene écrit que les paroles de Rosa Luxemburg et d’Angelica Balabanoff l’« impressionnèrent beaucoup » [14]. Ses paroles lui était-elle destinées ou étaient-elles adressées aux congressistes ? Dans son autobiographie, elle écrit qu’elle discuta avec Rosa Luxemburg mais rien n’est dit concernant un possible échange avec Angelica Balabanoff. Son texte donne à penser qu’elle fut présente, au moins partiellement, au Congrès. Avançons avec prudence. Si les sources consultées ne la déclarent pas présente, on ne peut pas en déduire qu’elle n’y vint pas. Elle a pu en effet participer à certaines activités du congrès : le meeting, la fête populaire au Sondermarken, peut être aussi la réception des participants, l’excursion à Skodsborg et la promenade en bateau le long des côtes [20]. Par ailleurs en dehors des séances du congrès, les personnes présentes trouvèrent du temps, comme en témoigne le socialiste belge Emile Vandervelde dans ses souvenirs, pour profiter de Copenhague [34] et se rencontrer.
Échange avec Rosa Luxemburg
9En 1910, au Congrès de Copenhague, Helene a vingt-six ans. Elle est alors en quête de modèles auxquels elle puisse s’identifier. Elle ne pouvait « les trouver que parmi les femmes dirigeantes » [14]. Il y avait une « foule » de femmes venues représenter leurs différents groupes. Helene cherchait l’idéal du moi dont elle avait besoin et elle le trouva, en partie, en Rosa Luxembourg. Ce fut sa première rencontre avec elle [14].
10Dans ses écrits de 1970 et 1973, alors qu’elle a quatre-vingt-cinq ans et plus, elle reste fascinée par la personnalité de Rosa Luxemburg. Helene souhaitait en savoir davantage sur cette femme « puissante » [14]. Roazen écrit que c’est à la lecture d’une autobiographie sur Rosa Luxemburg qu’Helene Deutsch fut inspirée par quelques réflexions [27], mais il ne donne pas le nom de l’auteur.
11Nous nous sommes interrogés sur la présence et la place d’Helene au Congrès, venons-en à nous questionner sur ce qui marqua Helene ? Dans son autobiographie, elle note plusieurs éléments : Rosa Luxembourg appréciait son air sympathique et son ardente passion d’adolescente pour le parti, elle la considérait comme une enfant naïve et enthousiaste. C’est bien sûr à mettre dans la liste des raisons pour lesquelles Helene admirait Rosa Luxemburg. Luise Kautsky écrit que Rosa Luxemburg avait le contact facile avec des adolescents et des adultes [21]. Pendant le congrès, Helene est flattée de l’intérêt que lui manifeste Rosa Luxemburg. Elle écrit : « Lorsque nous nous rencontrions, elle me reconnaissait toujours et me posait des questions sur mon travail dans le Parti [14]. » Or le congrès dura six jours, pour qu’Helene soit reconnue, c’est donc que les rencontres furent espacées. Et sur six jours, il ne put y avoir, contrairement à ce que dit Helene, que peu de rencontres. Cet écart peut se comprendre par l’intensité que ces rencontres devaient avoir pour Helene.
12Dans son autobiographie, Helene montre les points communs que Rosa Luxemburg partageait avec elle. Elle était issue d’un milieu juif polonais et bourgeois, comme Helene prend soin de le noter dans son autobiographie. Toute sa vie, Rosa Luxemburg conserva des liens étroits avec sa famille. À quinze ans, Rosa Luxemburg transféra sa rébellion d’adolescente contre sa famille à la société, c’est vers le même âge qu’Helene fit de même.
13Helene fait référence au parcours de Rosa Luxemburg. Jeune et expérimentée, elle développa très tôt les qualités d’une révolutionnaire. Elle sut mettre ses tendances agressives au profit de buts socialistes, mena un combat pour la propagande pacifique contre la guerre et put rassembler, derrière elle, des sensibilités différentes. Notons qu’Helene écrit que Rosa Luxemburg lutta pour l’égalité politique des femmes. Cela est contesté par un de ses biographes et historien Jean-Pierre Nettl et par l’historien Gilbert Badia [2]. Ils considèrent que Rosa Luxemburg ne s’intéressait pas à la lutte pour le droit des femmes contrairement à son amie Clara Zetkin [3, 26]. Ce combat était important pour Helene, sans doute aurait-elle eu envie de voir Rosa Luxemburg y prendre part. En effet, au regard de la fin de sa vie, elle écrit qu’elle aurait nommé son œuvre La Femme [14].
14Au sein de ce rassemblement fourmillant d’hommes célèbres, Rosa Luxemburg était traitée avec un respect significatif. Son discours avait une forte influence, souvent décisive sur les débats [14]. En tant que femme, Rosa Luxemburg avait acquis une reconnaissance au sein de son parti. Et si ses émotions étaient « souvent plus intenses » et « parfois moins contrôlées » que celles des hommes, son appartenance au sexe féminin n’était jamais utilisée en sa défaveur. Helene écrit : « Elle était trop grande pour n’être considérée que comme une “simple femme”, même par ses ennemis [14]. » Helene put trouver en Rosa Luxemburg un idéal féminin. Une de ses amies, Luise Kautsky insiste sur la dimension féminine de la révolutionnaire [21] qui n’est pas à considérer comme une femme masculine. Ce témoignage rejoint celui de Paul Frölich, qui la connut aussi, et la décrit sous les mêmes traits [17].
15Dernier élément qui nous paraît des plus importants pour favoriser l’identification d’Helene à Rosa Luxemburg : Helene enviait la situation de Rosa qui parvenait à avoir une reconnaissance indépendante de celle de son compagnon [14]. Dans son écrit, Helene se centre tellement sur son idéal féminin qu’elle ne mentionne pas le nom du dit compagnon qui s’appelait Leo Jogishes. Nous savons par d’autres sources qu’il ne jouait pas un rôle effacé et Rosa Luxemburg lui devait beaucoup. En s’appuyant sur Clara Zetkin, Frölich écrit que Jogishes était la « conscience théorique et pratique » de Rosa Luxemburg [17]. Les lettres de Rosa mettent en valeur la place de Jogisches qui œuvrait dans l’ombre et qui lui permit d’être reconnue. Quant à leur relation, elle fut marquée par l’éloignement géographique et le manque de chaleur entre eux, elle fut insatisfaisante aux yeux de Rosa qui s’en plaignait dans ses lettres. Elles furent publiées [25]. Helene n’eut pas connaissance du vécu des souffrances de son héroïne.
16Y eut-il des facteurs qui auraient pu empêcher cette idéalisation ? Il y en eut un : Helene ressentait « quelque chose de tendre, et peut-être de maternel » [14] de la part de Rosa Luxemburg. Mais ce n’était pas ce qu’elle désirait. Précisons que Rosa Luxemburg était, de quatorze ans son aînée. Helene avait voulu se détacher de sa mère en s’engageant dans une révolution sociale [14] et ne cherchait pas une mère de substitution mais un idéal féminin.
17Y eut-il des points de divergences entre elles ? Certes. Les idées politiques d’Helene différaient de celles de Rosa Luxemburg, mais ce sujet n’était jamais abordé. Et dans son autobiographie, Helene ne dit pas lesquelles. Ces divergences d’ailleurs n’étaient pas suffisantes pour casser le lien entre les deux femmes et faire qu’Helene cherche un autre modèle [14]. La période de l’histoire du parti socialiste polonais qui nous intéresse a été retranscrite par Jacques Droz et Pawel Korzec. Pendant les années 1905-1907 – années de révolution – s’est produit une popularisation importante des partis socialistes illégaux, en particulier des syndicats. Les divergences entre les partis se sont accentuées. Citons parmi les noms des partis : la social-démocratie du Royaume de Pologne et de la Lithuanie (SDKPIL), le Bund, le Parti polonais socialiste (PPS), le Parti polonais socialiste aile gauche, le Parti polonais socialiste fraction révolutionnaire (PPSFR) [15, 22]. Revenons au congrès de 1910 et appuyons-nous sur le compte rendu analytique publié par le secrétariat du Bureau socialiste international. Il y avait 896 délégués mandatés, dont 24 pour la Pologne. On trouve dans la liste des délégués mandatés les noms de Lieberman et de Rosa Luxemburg qui faisaient partie respectivement du PPS et du SDKPIL [20]. Helene, nous l’avons vu, n’est pas déléguée, son nom n’est pas mentionné.
18Helene ne prend pas en compte ce qui pourrait être critiquable dans la vie de Rosa Luxemburg. En 1907, Rosa, au Congrès international de Stuttgart, déclarait que si la guerre venait à éclater la classe ouvrière devait s’entremettre pour la faire cesser promptement et utiliser ses forces pour agiter les couches populaires [19]. Rosa Luxemburg considérait la guerre comme un moyen pour la bourgeoisie de défendre ses privilèges en utilisant les couches prolétaires comme chair à canon [24]. À la fin de sa vie, Rosa fut souvent incarcérée pour ses idées. Son engagement dans la défense du socialisme était tel que dans une lettre, à Sophie Liebknecht, écrite de prison, elle déclarait vouloir mourir dans un combat de rue ou dans un pénitencier [23]. Elle fut assassinée par des soldats, le 15 janvier 1919 [17]. Si Helene était sensible au charisme de Rosa Luxemburg, elle ne s’occupait pas de sa responsabilité de dirigeante [1], dont les répercussions sont bien lourdes à porter. Charles Vidil, dans un travail sur les mutineries de la marine allemande en 1917-1918, écrit que l’aile gauche de la social-démocratie, dont Rosa Luxemburg faisait partie, eut une mauvaise influence sur le moral des troupes et entraîna des actes de mutinerie [35]. L’ouvrage de Jacques Benoit-Mechin sur l’histoire de l’armée allemande restitue l’importance des mouvements révolutionnaires [7]. Les hommes en suivant l’appel à la révolution risquaient des peines graves ou même leur vie.
19Rosa Luxemburg fut pour Helene un modèle de référence, elle souhaitait, comme elle le dit, « souvent » lui ressembler. Mais l’imitation à cet idéal était, pour elle, inatteignable [14]. L’incidence des échanges d’Helene avecRosa Luxemburg dépassa celle qu’elle eut lors de sa rencontre avec Angelica.
Rencontre avec Angelica Balabanoff
20C’est dans ce même congrès de 1910 qu’Helene voit Angelica Balabanoff pour la première fois. Rappelons qu’Helene a vingt-six ans. Helene peut trouver en Angelica Balabanoff l’autre idéal du moi dont elle avait besoin [14]. S’il y eut rencontre, il n’y eut pas forcément échange.
21Qu’est ce qu’Helene peut trouver en Angelica Balabanoff ? Dans son texte, Helene compare Angelica Balabanoff à Rosa Luxemburg. Comme trait commun avec Rosa Luxemburg, les deux femmes étaient respectées et tenaient des propos qui eurent un impact sur les débats du Congrès [14]. Elles avaient des âges voisins. Mais concernant leurs parcours, Angelica Balabanoff n’atteignit jamais la même cote de popularité internationale, à cause du choix de ses combats. Angelica Balabanoff milita pour ceux qui n’avaient pas été touchés par les idéaux socialistes, en particulier les cheminots italiens, groupe social le plus négligé au sein du prolétariat [14].
22La vie d’Angelica Balabanoff l’amena à avoir une représentation différente des liens entre une révolutionnaire et sa famille.
23Au sein de son milieu aristocratique, Angelica Balabanoff s’est élevée contre sa mère. Selon Helene, Angelica Balabanoff quitta sa famille en Russie et « n’y revint jamais » [14]. S’il y a une proximité entre Helene et Rosa Luxemburg par le type de famille et l’âge de sa rébellion adolescente, la relation d’Helene avec sa mère fut conflictuelle, comme nous l’avons dit, et donc proche de celle que connue Angelica Balabanoff. Dans ses mémoires, Angelica Balabanoff écrit que lors d’un voyage pour se rendre dans les lieux de sa jeunesse, elle rebroussa chemin [4]. On découvre aussi dans ces mémoires que si elle ne revint pas, elle maintint des contacts avec sa famille. Le contact fut en particulier matériel, une pension venant des droits de succession, suite à la mort de son père, lui était versée par son frère [4]. Elle eut aussi d’autres types de liens avec sa famille à l’étranger, et dans son pays lors d’un voyage en 1917, ainsi que lorsqu’elle s’y établit de 1918 à 1921 [4]. Mais ces contacts étaient ténus car elle avait peu de choses en commun avec les siens. Elle les maintenait à distance car elle redoutait que ses activités ne leur attirent des ennuis. Notons que cette protection trouvait une limite, elle ne pouvait se résoudre à transgresser son idéologie socialiste pour venir en aide à un des membres de sa famille [4].
24Angelica Balabanoff porta son engagement dans une lutte pour la justice sociale et la paix des nations. À se reporter à ses mémoires, on voit la participation qu’elle eut lors de la Conférence socialiste internationale du 5 au 8 septembre 1915, à Zimmerwald, du nom d’un village suisse où se réunirent des délégués des partis socialistes allemands, français, italiens, russes, polonais, hongrois, hollandais, suisses, suédois, norvégiens, roumains et bulgares, alors que tout contact avec un « ennemi » pouvait être jugé comme une trahison [4]. La conférence commença par une déclaration franco-allemande commune aux socialistes et syndicalistes français et allemands. Ils prenaient une position très forte en déclarant : « Cette guerre n’est pas notre guerre [28] ! » Cet acte eut un retentissement dans le monde ouvrier. Léon Trotsky dira que le nom de Zimmerwald, inconnu la veille, retentit dans le monde entier [32]. C’est dire l’importance de cette conférence. Rosa Luxemburg ne put se rendre à Zimmerwald, elle était alors emprisonnée [26].
25Dans le congrès de 1910, Angelica Balabanoff fit la traduction du discours de plusieurs orateurs. Helene écrit que le génie des langues la faisait rechercher comme traductrice simultanée en trois langues : « Le style rhétorique de ses traductions était si brillant que le public était plus impressionné par la traduction que par l’orateur lui-même, fût-il Jaurès, Van der Velde [sic] ou Kautsky [14]. » C’est surprenant quand on connaît les qualités de Jaurès dont Vandervelde dit, à titre posthume, qu’il était considéré comme le plus grand orateur de l’époque [33]. Dans son autobiographie, Angelica Balabanoff évoque Jaurès et Vandervelde, elle fut fascinée par le don d’orateur associé aux qualités tactiques du premier, elle respectait la capacité d’arbitrage du second. Si elle ne parle pas dans son autobiographie du congrès de 1910, c’est que les décisions prises furent moins importantes qu’à celui de 1907. Il est difficile d’imaginer Angelica Balabanoff se mettre en avant des hommes qu’elle admirait, alors qu’elle s’effaçait au profit du mouvement dont elle faisait partie.
26Dans la communication d’Helene figure, aux côtés des trois orateurs cités plus haut, Henriette Roland [12] (son nom était Roland-Holst [3]) dont Angelica Balabanoff fit les traductions. Dans l’autobiographie d’Helene, le nom de Madame Roland est supprimé [14]. Notons que cette dame était absente au congrès de 1910 [20].
27Y eut-il des points de divergence entre Helene et Angelica Balabanoff ? Il n’y en eut pas en tout cas lors de leur rencontre en 1910. Helene avait été marquée par le fait qu’Angelica Balabanoff avait été sensible à la souffrance des exploités plus que par le contact avec d’autres révolutionnaires.
28Si Helene parle de l’engagement d’Angelica Balabanoff pour la paix, elle ne cite pas le nom de Zimmerwald. Ultérieurement Helene montra de la déception face à l’évolution d’Angelica Balabanoff. Les propos d’Helene sont durs à son encontre : « La dernière partie de sa carrière politique ressemble à un conte de fées d’ambitions assouvies. » Helene ajoute qu’elle la revit alors qu’elle était « ambassadrice soviétique à Vienne » [14]. Si nous nous reportons aux mémoires d’Angelica Balabanoff, il apparaît qu’elle fut nommée premier secrétaire de l’Internationale communiste (Komintern) en 1919. Mais on découvre qu’elle ne resta à ce poste qu’une année du fait des tensions qu’elle y subit [4]. Elle décrit le rôle qu’on chercha à lui faire jouer et la vie simple qu’elle mena. On peut sansconteste dire qu’Helene n’avait pas lu ces mémoires. Entenant compte de l’information que nous donne Heleneconcernant le lieu où Angelica Balabanoff exerçait des fonctions, il nous est possible de dater cette rencontre. Angelica Balabanoff vécut à Vienne de 1923 à 1925. Mais elle n’avait plus de responsabilité active en politique. Elle enseignait comme professeur de langues [4]. C’était une travailleuse anonyme. Victor Serge, anarchiste puis communiste, décrit, dans ses mémoires, la façon de vivre très austère d’Angelica Balabanoff [30] donc loin du train de vie fastueux d’une ambassade.
29Suite à la rencontre de Rosa Luxemburg et d’Angelica Balabanoff en 1910, Helene se demanda pourquoi elle-même n’était pas une « femme de tête ». Elle avait du tempérament, du talent, de l’ambition, le Parti socialiste lui avait ouvert la voie, mais elle n’avait pu la suivre [14]. Helene n’a pas eu le rayonnement de ces deux femmes au sein du Parti socialiste, mais l’impact de ces rencontres va être déterminant dans sa vie. Au sujet de sa narration et des déformations de son histoire, elle écrit : « […] des distorsions psychiques profondes peuvent apparaître car les personnes âgées luttent pour préserver leur identité psychologique [14]. » Ces reconstructions de souvenirs montrent la place qu’occupèrent ces femmes sinon à ses vingt-six ans lors de leurs rencontres au moins au moment où elle écrit son autobiographie autour de ses quatre-vingt-cinq ans.
30Ces deux personnes correspondaient à l’idéal du moi dont elle avait besoin alors [14]. Elle écrit : « […] comme je le constatais après le Congrès de 1910, mon amour était en conflit avec mon idéal du moi, de nouveau fraîchement stimulé et renforcé par mes rencontres avec Rosa Luxemburg et Angelica Balabanoff [14]. » Le couple d’Helene et Lieberman se sépara peu après. Helene délaissa le monde politique, donc le socialisme, pour se consacrer pleinement à l’étude de la médecine puis la psychanalyse – troisième bouleversement dans sa vie – dont elle devient une des plus grandes représentantes de sa génération.
Et Clara Zetkin ?
31Nous avons montré en quoi Rosa Luxemburg et d’Angelica Balabanoff marquèrent Helene. Dans son autobiographie de 1973, seuls les deux noms de ces deux femmes sont cités. Or comme Helene le dit elle-même, d’autres femmes vinrent, en 1910, au congrès de Copenhague représenter leurs différents groupes. Le choix de nommer ces deux femmes de même que celui de ne pas mentionner d’autres noms sont significatifs. Reprenons la lecture de la liste des délégués mandatés du Congrès. Elle nous apprend qu’il y eut aussi Clara Zetkin [20]. Celle-ci eut un destin que l’on peut qualifier d’extraordinaire, elle joua un rôle important pour l’émancipation sociale des femmes [2]. Considérons son parcours au regard de la biographie que Badia lui consacre. Née Eisner, Clara vivra librement avec Otto Zetkin avec qui elle aura deux enfants. Elle abandonne le nom d’Eisner pour porter celui de Zetkin. Il lui faut, lorsqu’Otto Zetkin deviendra gravement malade, lui donner des soins, s’occuper des enfants et rapporter de l’argent au foyer. Après le décès d’Otto Zetkin, Clara, qui s’intéressait au mouvement ouvrier en général, va commencer à étudier la condition féminine, à laquelle elle va se consacrer exclusivement [3].
32Clara Zetkin participe au Congrès de Stuttgart de 1907 [19], elle y défend l’accès des femmes au suffrage universel. Le combat de Clara Zetkin, comme le note Badia, joua un rôle important dans l’accession des femmes au droit de vote en 1918 [3]. Dans le journal Die Gleichheit (« La Citoyenne »), dans lequel elle est rédactrice en chef, elle diffuse ses idées féministes. Elle défendra notamment le fait que les jeunes femmes puissent poursuivre des études médicales. Contribueront au journal qu’elle anime : Adheleid Popp, Alexandra Kollontaï, Angelica Balabanoff, et Minna Kautsky, mère de Karl Kautsky, qui était romancière [3].
33Janet Sayers écrit qu’Helene rencontra Clara Zetkin mais qu’elle se méfiait d’elle. Cette information n’apparaît pas dans l’autobiographie d’Helene et Janet Sayers ne cite pas ses sources [29]. En tenant compte des éléments que nous avons avancés quant à la participation d’Helene à ce congrès, l’absence du nom de Clara Zetkin dans l’autobiographie d’Helene est étonnante.
Conclusion
34La seconde révolution dans la vie d’Helene fut la découverte d’idéaux socialistes. Le Congrès de l’International socialiste de 1910 auquel elle écrit avoir assisté joua un rôle majeur dans sa vie. Les sources d’époque ne témoignent pas de sa présence sur laquelle il y a un doute. Elle put sûrement participer à des moments du Congrès moins formels que les conférences et rencontrer les participants. Selon son autobiographie, Helene rencontre Rosa Luxemburg et Angelica Balabanoff, elle reverra après cette dernière. Ces deux femmes influeront sa vie. À ce congrès est aussi présente Clara Zetkin. Cette dernière consacra sa vie à l’émancipation des femmes. Nous avons vu qu’Helene aurait nommé son œuvre La Femme. Mais étonnamment, Helene ne mentionne pas dans son autobiographie Clara Zetkin, personnalité incontournable de la lutte des femmes.
35Ses souvenirs remontent à une phase de sa vie où elle a entre vingt-deux et vingt-six ans. C’est plus de soixante ans après les événements qu’elle se confronte à elle-même pour écrire ses mémoires. Lorsque cet ouvrage paraît, elle a alors quatre-vingt-neuf ans. Les approximations, les erreurs témoignent du travail de déformation du temps. Janet Sayers écrit qu’Helene, sur ses vieux jours, aimait à évoquer son image de rebelle [29]. Il est certain que cette vision d’elle-même contribua à ces déformations. Elles mettent en valeur sa rencontre avec ces femmes.
36À partir de cette étude sur la biographie d’Helene, plusieurs pistes de recherche s’ouvrent. Quelle portée va avoir l’engagement d’Helene sur ses élaborations du self ? Son militantisme auprès de femmes va-t-il avoir une incidence sur sa théorie de la sexualité féminine ? Est-ce que l’on peut trouver chez des femmes, de cette époque, la recherche d’une jonction entre des idées socialistes et psychanalytiques à travers des théorisations ou des expérimentations ? Quelques années plus tard, Helene est « médecin de guerre » selon la formulation qu’elle utilise elle-même [14]. Son investissement avant la guerre dans des idéaux socialistes appelle à une question : pendant le premier conflit mondial comment put-elle concilier ses anciens idéaux socialistes et son travail de médecin auprès de victimes de guerre ?
Références
- 1Badia G. Le Spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, 1914-1919. Paris : L’Arche, 1967.
- 2Badia G. « Clara Zetkin ». In : Ziegler G. Femmes extraordinaires. Paris : Éditions de la Courtille, 1979, p. 173-209.
- 3Badia G. Clara Zetkin, féministe sans frontières, Paris : Les Éditions ouvrières, 1993.
- 4Balabanoff A. Ma vie de rebelle. Les mémoires d’une grande militante du mouvement ouvrier. De son adhésion à la IIe Internationale à son exclusion du Parti communiste soviétique en 1924 (traduction française de P. Bonnet). Paris : Balland, 1938.
- 5Bebel A. La Femme et le Socialisme (1895). Gand : Imprimerie coopérative « Volksdrukkerij » (nouvelle traduction française d’après la 50e édition allemande par Avanti), 1911.
- 6Bebel A. La Femme dans le passé, le présent et l’avenir (traduction française de H. Ravé). Paris : Georges Carré éditeur, 1891.
- 7Benoist-Mechin J. Histoire de l’armée allemande, 1918-1945, I : de l’armée impériale à la Reichswehr (1918-1919). Paris : Albin Michel, 1954.
- 8Compère-Morel. Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière. Paris : Aristide Quillet éditeur, 1913.
- 9Davies N. Histoire de la Pologne (traduction française de D. Meunier). Paris : Fayard, 1984.
- 10Deutsch H. Problèmes de l’adolescence. La formation de groupes (traduction fançaise de C.-A. Ciccione). Paris : Payot, « Petite Bibliothèque Payot », 1979.
- 11Deutsch H. « L’adolescente contemporaine » (traduction française de C. Orsot, M.-C. Hamon). In : Les « comme si » et autres textes (1933-1970). Paris : Seuil, 2007, p. 327-351.
- 12Deutsch H. « La sublimation de l’agressivité chez les femmes » (traduction française de C. Orsot, M.-C. Hamon). In : Les « comme si » et autres textes (1933-1970). Paris : Seuil, 2007, p. 353-359.
- 13Deutsch H. A Note on Rosa Luxemburg and Angelica Balabanoff. Discussion of Dr. Rosenberg’s Paper, on « The woman’s role in aggression ». Israel Psychoanalytic Society Meeting, July 28-30, 1970. American Imago 1983 ; 40 : 29-33.
- 14Deutsch H. Autobiographie (traduction française C. Davenet-Rousseau). Paris : Mercure de France, 1986.
- 15Droz J. « La sociale-démocratie en Autriche-Hongrie (1867-1914) ». In : Droz J (dir.) Histoire générale du socialisme, tome II : de 1875 à 1918. Paris : PUF, 1974, 73-114.
- 16Ellenberger H.F. La Conférence de Freud sur l’hystérie masculine (Vienne, le 15 octobre 1886). Médecines de l’âme. Essais d’histoire de la folie et des guérisons psychiques. Paris : Fayard, 1995, p. 207-225.
- 17Frölich P. Rosa Luxemburg (traduction française de J. Bois). Paris : L’Harmattan, 1999.
- 18Haupt G. La deuxième Internationale 1889-1914. Études critiques des sources. Essai bibliographique. Paris : Éditions Mouton, 1964.
- 19Histoire de la IIe Internationale. Congrès socialiste international, Stuttgart 6-24 août 1907, VII, tome 17. Minkoff Reprint.
- 20Histoire de la IIe Internationale. Congrès socialiste international, Copenhague 28 août-3 septembre 1910, IX, tome 20. Minkoff Reprint.
- 2121. Kautsky L. Mon amie Rosa Luxembourg. Souvenirs. Biographie (traduction revue par A. M. Desrousseaux). Paris : Spartacus René Lefeuvre, 1969.
- 22Korzec P. « Le socialisme polonais ». In : Droz J (dir.). Histoire générale du socialisme, tome III : de 1918 à 1945. Paris : PUF, 1977, p. 322-335.
- 23Luxemburg R. Lettres de prison, 1916-1918 (traduction française d’Aubreuil). Paris : Bélbaste, 1969.
- 24Luxemburg R. « Notre programme et la situation politique. Discours au Congrès de fondation du PCA (Ligue Spartacus) 31 décembre 1918 » (traduction française de C. Weil). In : Écrits politiques 1917-1918. Paris : La Découverte, 2002, p. 101-129.
- 25Luxemburg R. Lettres à Leon Jogishes, tome I : 1894-1899 (traduction française de C. Brendel). Paris : Denoël, 1971.
- 26Nettl J.P. La Vie et l’œuvre de Rosa Luxemburg, tome II (traduction d’I. Petit, M. Rachline). Paris : Maspéro, 1972, p. 651-652.
- 27Roazen P. (1985), Helene Deutsch, une vie de psychanalyste, Paris, traduction française Dauzat P.-E., PUF., 1992.
- 28Rosmer A. Le Mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale. De l’Union sacrée à Zimmerwald. Paris : Éditions d’Avron, 1993.
- 29Sayers J. Les Mères de la psychanalyse, Helene Deutsch, Karen Horney, Anna Freud, Melanie Klein (traduction française de C. Rousseau-Davenet). Paris : PUF, 1995.
- 30Serge V. Mémoires d’un révolutionnaire. Paris : Seuil, 1951.
- 31Tréhel G. Helene Deutsch (1884-1982) : théorisations sur les troubles psychiatriques des femmes pendant la Première Guerre mondiale. L’Information Psychiatrique 2007 ; 83 : 319-26.
- 32Trotsky L. Ma vie (traduction française de M. Parijamine). Paris : Gallimard, 2004.
- 33Vandervelde E. Jaurès. Paris : Librairie Felix Alcan, 1929.
- 34Vandervelde E. Souvenirs d’un militant socialiste. Paris : Denoël, 1939.
- 35Vidil C. Les Mutineries de la marine allemande, 1917-1918, avec une étude historique et psychologique sur les mutineries maritimes. Paris : Payot, 1931.
Mots-clés éditeurs : Deutsch H, Balabanoff A, Lieberman H, Luxemburg R
Date de mise en ligne : 15/11/2012
https://doi.org/10.1684/ipe.2010.0623Notes
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[*]
EA 2374, Centre d’études en psychopathologie et psychanalyse (CEPP), Université de Paris-VII-Jussieu, 11 bis, rue Eugène-Jumin, 75019 Paris
<gillestrehel@hotmail.com> -
[1]
Les ouvrages de l’Histoire de la IIe internationale contiennent de précieuses informations sur les comptes rendus des organisations des différents pays, les listes des délégués mandatés, les organisations des congrès et les décisions du Bureau, les premières séances plénières, les deuxièmes séances plénières, les réunions des journalistes.
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[2]
On doit à Gilbert Badia différents travaux sur Rosa Luxemburg dont une biographie : Rosa Luxemburg, journaliste, polémiste, révolutionnaire. Paris : Éditions Sociales, 1975.
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[3]
À ne pas confondre avec son homonyme Manon Roland dont le nom est attaché à la Révolution française.