1L’Intersyndicale des psychiatres publics qui regroupe, avec le SPH et l’Idepp, la majorité des psychiatres hospitaliers, avait appelé à la grève pour le mardi 28 septembre, appel rejoint par les autres syndicats de psychiatres publics et soutenu par la conférence des présidents de CME de CHS et les associations d’usagers et de familles d’usagers.
2Le mouvement, massivement suivi malgré une actualité sociale chargée, signe l’exaspération de la profession, qui constate dans les établissements qu’en dépit des engagements pris au moment de l’élaboration de la loi HPST le ministère n’a aucune intention de tenir compte des spécificités de la psychiatrie, dans l’organisation de la santé, au niveau du territoire, et encourage le démantèlement de son système d’organisation sectorisée qui avait été pionnier en matière de décloisonnement et de partenariats.
3Pire, les seules spécificités d’exercice de la psychiatrie dignes d’intérêt pour les pouvoirs publics concernent les aspects de contraintes et le renforcement des privations administratives des libertés. On s’apprête à les traduire dans la loi, quand déjà des circulaires adressées aux préfets par les deux ministères, de la Santé et de l’Intérieur, tournent le dos aux considérations sanitaires, bien loin des recommandations européennes.
4La délégation reçue le jour de la grève au ministère aurait dû se contenter, faute d’un engagement à mettre en œuvre une véritable loi de santé mentale digne des enjeux de santé publique, de paroles rassurantes sur d’éventuelles possibilités d’aménagements des textes déjà votés ou en voie de l’être prochainement…
5Tandis que la discipline – dont il semble convenu de ne retenir que les indésirables événements spectaculaires – ne peut plus faire face à l’ensemble des besoins croissants de santé mentale d’une société troublée, l’entêtement du ministère à nier les particularités de la psychiatrie dans les réformes sanitaires va faire manquer à notre pays l’occasion de mener une politique de santé mentale véritablement moderne et ambitieuse, et participer à l’assombrissement du sort des usagers, toujours plus nombreux, du système de santé psychiatrique. Est-il raisonnable de croire que M. Xavier Bertrand et Mme Nora Berra, désormais chargés de la santé, feront mieux pour la psychiatrie que la ministre qui les a précédés ?