Notes
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[1]
Psychologue, Maître de conférences, IUFM de Lyon, laboratoire PAEDI, JE N° 2432, IUFM d’Auvergne.
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[2]
Médecin psychiatre, SATIS CMPB, CHU Clermont-Ferrand.
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[3]
L’exemple le plus net est advenu lorsque l’INSERM a publié un rapport d’expertise (expertise collective inserm. Cannabis. Quels effets sur le comportement et la santé ? Les Éditions Inserm, Paris 2001) et que les quotidiens de la presse nationale en ont eu des interprétations radicalement différentes voire opposées. Libération notait : « Fumer un joint de temps en temps n’est pas bien méchant » tandis que Le Figaro considérait que « les dangers du cannabis (sont) reconnus » et qu’enfin Le Monde annonçait que cette expertise « relativise les dangers de la consommation de cannabis ».
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[4]
Nous avons donc demandé par courrier à M. F. Beck, responsable du pôle « Enquêtes en population générale » à l’OFDT, l’autorisation d’exploiter une version adaptée du questionnaire.
Introduction
1Choisir de parler et de travailler sur la consommation de cannabis en France est à la fois un sujet banal et une entreprise risquée. L’augmentation de la consommation de cette substance en fait une préoccupation de santé publique et un sujet de société devenus incontournables. C’est également unsujet passionnel, car bien que nous disposions de connaissances scientifiques, chacun [3] selon sa position, continue de les interpréter à sa convenance. Par ailleurs, si les usagers de drogues qui consultaient ont longtemps été des consommateurs d’opiacés et en particulier d’héroïne, nous sommes actuellement face à une nouvelle population de consommateurs à problème : les usagers de cannabis. Nous sommes ainsi passés depuis quelques années d’une majorité de consultations débouchant sur des mesures éducatives à des consultations concernant la dépendance et ses vicissitudes. C’est pourquoi, il paraît fondamental de développer des actions d’éducation à la santé et de prévention et de travailler sur la conception de dispositifs de formations et l’impact de ces dernières sur les publics visés.
2Notre travail s’inscrit dans le contexte de la prévention des consommations de substances psycho-actives des élèves de douze à dix-huit ans en France (ESPAD, 2004). La consommation de cannabis a fortement augmenté au cours de la décennie 1993-2003 notamment jusqu’en 1999. Le niveau d’expérimentation des 14-15 ans et des 16-17 ans a plus que doublé en ce qui concerne les consommations régulières. La très grande majorité des élèves les a expérimentées et a déjà consommé au moins un des trois produits psycho-actifs les plus diffusés (alcool, tabac, cannabis) : 88 % des garçons et 84 % des filles de 12/18 ans. Les niveaux de consommation augmentent au milieu de l’adolescence qui apparaît comme une période charnière du point de vue des expérimentations et des consommations régulières. Les élèves plus jeunes expérimentent surtout des substances licites. L’expérimentation de cannabis s’accroît fortement avec l’âge. Elle augmente principalement après quatorze ans. Les consommations régulières se développent nettement à partir de quinze ans. Les garçons, quel que soit leur âge, consomment davantage que les filles. En 2003, nous notons une grande proximité des consommations de cannabis et d’alcool à partir de l’âge de seize ans et ce pour les deux sexes (9 % des garçons ont un usage régulier de cannabis et 10 % un usage régulier d’alcool ; pour les filles, 4 % pour le cannabis et 5 % pour l’alcool).
3L’opinion publique n’est pas insensible à cette augmentation et s’exprime à travers deux enquêtes menées par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) en 1999 et en 2002, sous l’acronyme EROPP (Enquête sur les Représentations, Opinions et Perceptions sur les Psychotropes) qui dressent un panorama des opinions recueillies à partir d’un échantillon représentatif de la population [2, 3]. La population interrogée avance uneopinion négative face à cette consommation et souligne l’utilité de l’information à l’école (94,9 % y sont favorables). Or, dans le champ scolaire, ce sont d’abord les enseignants, les infirmières scolaires et hors milieu scolaire les éducateurs et les travailleurs sociaux qui sont les porteurs des actions de santé et de prévention. Dans la mesure où notre activité de recherche touche aux dispositifs de formation, aux processus d’action des enseignants et à leur déterminants, nous avons choisi de nous pencher sur les conceptions déclarées des professeurs des écoles stagiaires, des infirmiers et des éducateurs spécialisés également en formation. Ces personnes seront en contact professionnel avec de futurs consommateurs et nous pensons que les conceptions déclarées sont le reflet de représentations sociales qu’elles véhiculent et dont l’influence sur la pratique professionnelle est largement incidente. Les représentations sociales seraient la construction d’un savoir ordinaire élaboré à travers des valeurs et des croyances partagées par un groupe social et donneraient lieu à une vision commune se manifestant au cours des interactions sociales [10].
4Pour ce faire, il importe de mieux connaître les futurs acteurs de prévention et d’éducation à la santé (les étudiants éducateurs, infirmiers et les futurs professeurs) et de recueillir leurs conceptions à l’orée de leur futur métier sur les produits licites et illicites, sur le cannabis et sa dangerosité, et de tenter d’évaluer la qualité de leur relation à ces produits. Notre objectif est de décrire et de comparer les différents groupes en formation en ce qui concerne leurs connaissances, leurs conceptions déclarées sur le cannabis à la fois entre eux mais également par rapport à la population de référence que constitue l’échantillon initial utilisé dans l’enquête EROPP 2002. Les études sur le sujet restent trop rares en France. Les rares travaux que nous avons pu récolter étudient le rapport entre les produits psycho-actifs dont le cannabis et des populations d’âge scolaire [5, 8, 18]. Ces recherches montrent clairement la position ambiguë et originale occupée par le cannabis. Ils ne concernent cependant pas les jeunes adultes en formation professionnelle initiale.
Matériel et méthodes
5Pour connaître les conceptions déclarées de ces futurs acteurs de prévention, nous avons choisi d’utiliser des outils déjà validés et d’appliquer un questionnaire et une méthodologie d’enquête similaires à celle de l’étude EROPP 2002 qui a pour but d’apprécier l’impact des politiques publiques et de décrire la diversité des conceptions afin d’aider à la mise au point des actions d’information et de prévention. Nous avons obtenu l’autorisation [4] de l’OFDT pour l’utiliser auprès de nos populations cibles.
6Les principaux thèmes abordés dans notre étude sont les perceptions de la dangerosité des substances psycho-actives, les craintes qu’elles suscitent et le niveau d’acceptabilité des mesures de politique publique relatives aux drogues.
7Trois groupes principaux ont été constitués comprenant la totalité des étudiants et stagiaires en formation présents lors de la passation :
- Professeurs des écoles stagiaires (N = 79 exploités sur 80 récoltés) ;
- Infirmiers en formation (N = 135 questionnaires exploités sur 137 récoltés, 82 pour la première année, 55 pour la deuxième) ;
- Éducateurs spécialisés en formation (N = 86, 33 de première année, 30 de seconde année et 21 moniteurs éducateurs de première année).
8Compte tenu du nombre important de questions de l’enquête (plus de 90), nous en avons privilégié certaines en rapport avec notre question de départ concernant la prévention de la consommation de cannabis (cf. annexe I). Comme dans le questionnaire EROPP, les termes de drogues et de toxicomanies ainsi que « drogues douces » et « drogues dures » ont été évités pour ne pas induire de jugements de valeur.
9Dans un premier temps, les réponses du groupe dans son ensemble sont présentées assorties des différences de résultats en fonction du genre qui apparaît comme discriminant. Dans un second temps, l’ensemble du groupe a été comparé à la population générale (EROPP). Enfin, une comparaison groupe à groupe a été réalisée afin d’identifier les similitudes ou les écarts entre les différentes populations à travers un nombre de questions ciblées et significatives.
Résultats
10L’échantillon étudié est différent de la population française. Il montre une surreprésentation nette d’éléments féminins (250 personnes sur 300 soit 83,3 %) (Tableau I). L’âge moyen de l’échantillon global est de 25,2 ans (± 5,7 ans, extrêmes de 18 à 48 ans) identique pour les hommes (25,5 ans, extrêmes de 22 à 48 ans) et les femmes (25,2 ans, extrêmes de 18 à 47 ans). Nous noterons quand la différence d’expression entre les hommes et femmes sera significative (*, **, ***) et nous soulignerons les éventuelles différences et/ou concordances avec l’échantillon de EROPP 2002.
Le groupe dans son ensemble et les données d’EROPP 2002
11Sur la dangerosité du cannabis, le groupe étudié estime que le cannabis est dangereux dès le premier essai à 27,8 %, en consommation occasionnelle à 21,4 % et 49,2 % de la population étudiée estime que la « consommation quotidienne est dangereuse ». Les femmes expriment généralement une opinion plus sévère que les hommes. L’échantillon de EROPP 2002 a une opinion bien différente car il considère qu’il est dangereux de fumer du cannabis dès qu’on essaye à 50,8 % et simplement à partir du moment où on en fume tous les jours à 32,5 %.
12Les tableaux II à VI synthétisent les résultats concernant les produits et le risque qui y est lié, les représentations du danger, la prise en charges des personnes.
Taux de féminisation et âge
Taux de féminisation et âge
Les produits et le danger
Les produits et le danger
Les opinions exprimées
Les opinions exprimées
La prise en charge thérapeutique
La prise en charge thérapeutique
La peur des produits
La peur des produits
La proximité des produits
La proximité des produits
13À propos de l’information à l’école sur les drogues, notre échantillon pense qu’elle est suffisante à 5 % (vs 14,1 % Eropp). Cette information est jugée utile dans 93 % (vs 94,9 % Eropp). Les étudiants interrogés se sentent bien informés sur les drogues à 62 % (vs 61 % Eropp).
14Dans notre échantillon, il existe une très nette différence entre les hommes et les femmes, les hommes pensant être bien ou très informés à 74 % des cas alors que les femmes ne le pensent 59 % des cas. On pourra mettre ceci en parallèle avec la plus grande fréquence de consommation de produits chez les hommes.
15À propos du livret « Savoir plus risquer moins » édité par la MILDT [16], les personnes interrogées en ont eu connaissance à 45 % (vs 25 % Eropp).
16À la question sur la proportion de personnes ayant fumé du cannabis en France, 10 % des réponses indiquent que cela représente de 0 à 20 % de la population, 29 % que cela concerne 21 à 50 % de la population, 60 % plus de 50 %. Cette estimation paraît dépendante de l’expérimentation personnelle. Soixante pour cent des répondants ayant déjà consommé du cannabis évaluent la prévalence de l’expérimentation de la population générale à plus de 50 % contre 20 % pour les autres.
17En synthèse provisoire, nous pouvons dire que les personnes interrogées se différencient de la population générale (EROPP) en ce qui concerne la fréquence de consommation de drogues illicites et en particulier de cannabis. Cette différence est encore plus marquée en ce qui concerne les hommes et tranche également par rapport au groupe d’âge 18/25 ans qui leur correspond dans l’enquête Eropp 2002. De la même façon, les opinions des hommes concernant le haschisch dans notre population d’étude, les différencient nettement de la population générale. D’une manière générale, les femmes déclarent consommer moins et seraient plus réservées sur le cannabis et ses usages. Elles paraissent mesurer davantage les risques. Notons cependant que l’expérimentation personnelle discrimine les opinions sur la dangerosité perçue du cannabis et rapproche les conceptions des hommes et des femmes.
18Nous allons maintenant nous attacher à rechercher les caractéristiques des différents groupes étudiés selon leur établissement d’origine.
Les différents groupes de formation initiale
19Nous allons comparer chacun des sous-groupes dont la réunion constitue notre échantillon d’étude. Les données brutes sont rassemblées dans un tableau en annexe 2.
Les professeurs des écoles
20Ils ont globalement des réponses proches de celle du groupe dans son ensemble. Néanmoins, ils se différencient en étant plus favorables à l’obligation de soins pour les usagers de cannabis (85 % vs 70 %), ils se disent moins bien informés (50 % vs 67 %) et ont plus peur de consommer du haschisch que le groupe dans sa totalité (57 % vs 43 %). Ils en ont moins consommé (42 % vs 61 %). Ils sont même en deçà de la consommation de la population générale à cet âge. Pour ceux qui l’ont fait, ils sont seulement un tiers à continuer leur intoxication alors que la population enquêtée la poursuit à 49 %.
21De la même façon, ils sont très peu nombreux à avoir consommé une drogue illicite autre que le cannabis et se sont moins vus proposer ces produits illicites. Enfin, ils ont une opinion quasi identique au groupe dans sa globalité sur l’estimation du nombre de personnes ayant déjà fumé du cannabis en France. Il n’y a pas dans ce groupe de différences significatives de réponses entre les hommes et les femmes.
Les élèves infirmiers de première année
22Ils trouvent bien plus souvent que la population enquêtée (40 % vs 28 %) qu’il est dangereux de fumer du cannabis dès qu’on a essayé. Ils se sentent également beaucoup mieux informés sur les drogues (71 % vs 62 %). Au sein de ce groupe, les femmes significativement se sentent encore mieux informées que leurs collègues masculins. Ils sont très peu nombreux à avoir plus peur de prendre du haschisch que la moyenne, c’est sans doute pourquoi ils sont légèrement plus à l’avoir fait que dans le groupe global (67 % vs 61 %). Ils sont par contre moins nombreux (41,3 % vs 49,3 %) à l’avoir fait au cours des douze derniers mois. Les autres réponses sont proches de celles de l’échantillon global y compris celle concernant l’estimation de consommation de cannabis en France.
Les élèves infirmiers de deuxième année
23Ils sont plus nombreux à penser que fumer du cannabis est dangereux dès qu’on essaye. Ils sont beaucoup moins favorables à l’autorisation de consommer du cannabis que la moyenne du groupe. Ils ne sont pas particulièrement pour l’autorisation de prescription de cannabis thérapeutique. Contrairement aux premières années, ils se sentent moins bien informés sur les drogues. Ils ont beaucoup plus peur de prendre du haschisch que la population générale (63 % vs 42 %) et pour ceux qui l’ont fait, ils sont beaucoup moins nombreux à l’avoir fait que le reste de la population étudiée (36 % vs 49 %). Ils sont seulement 2 % à avoir consommé une autre drogue que le haschisch. Leur estimation de la consommation de cannabis en France montre que près de la moitié pense que 21 à 50 % de la population a déjà fumé ce qui est différent de la globalité du groupe. Il n’y a aucune différence significative entre les hommes et les femmes.
Les élèves éducateurs de première année
24Ils pensent de façon forte qu’il est seulement dangereux de fumer du cannabis à partir du moment où on en fume tous les jours (74 % du groupe). Ils sont 72 % à être favorables à la libéralisation de consommation du cannabis. Ils pensent beaucoup moins souvent que les autres que l’obligation de soins pour les fumeurs de cannabis est une bonne chose. Ils sont favorables à 89 % à la prescription de cannabis thérapeutique. Ils pensent plus souvent que les autres que l’information à l’école sur les drogues est suffisante. Ils se sentent très bien informés sur les drogues à 83 %.
25Ils ne sont que 9 % à avoir peur de prendre du haschisch ne serait-ce qu’une seule fois et c’est sans doute la raison pour laquelle ils sont 100 % de ce groupe à avoir consommé. De même, ils sont 80 % de ce groupe à continuer leur intoxication. Ils sont aussi le groupe qui a consommé à 43 % une autre drogue que du cannabis et 20 % à continuer d’en prendre dans des douze derniers mois. Enfin, ils estiment de façon forte (80 %) que les Français ont consommé du cannabis à plus de 50 %. Les réponses de ce groupe sont assez homogènes et il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes.
Les élèves éducateurs de deuxième année
26Ils pensent de façon identique à leurs collègues de première année qu’il est dangereux de fumer du cannabis à partir du moment où on en consomme tous les jours dans 73 % des cas. Ils sont 77 % à être pour la libéralisation de consommation de cannabis et pensent moins souvent que la globalité du groupe que l’obligation de soins pour les fumeurs de cannabis est une bonne chose. Ils sont également très favorables (87 %) à la prescription de cannabis thérapeutique. Ils ne sont que 23 % à avoir peur de prendre du cannabis ne serait-ce qu’une seule fois contre 43 % de l’échantillon.
27Ils sont 80 % du groupe à avoir déjà consommé du cannabis et 68 % à continuer de l’avoir fait dans les douze derniers mois. Ils sont 23 % du groupe avoir déjà consommé une autre drogue et 3 % à continuer de le faire. Enfin, leur opinion sur la consommation de cannabis en France est identique au groupe global. Il n’y a pas non plus de différences significatives au niveau des dépenses entre les hommes et les femmes.
Les élèves moniteurs éducateurs
28Moins fréquemment que les deux précédents groupes, ils sont cependant 55 % à penser qu’il est dangereux de consommer du cannabis à partir du moment où on en fume tous les jours. Leur opinion concernant la libéralisation du cannabis est identique à celle du groupe global. Ils pensent plus souvent que les autres groupes que l’obligation de soin pour les fumeurs de cannabis est une mauvaise chose et il semble exister une différence entre les hommes et les femmes. Ils ont une opinion moins favorable que la moyenne au cannabis thérapeutique. Il n’y a pas de différences ressenties sur l’information sur les drogues.
29Ils ne sont que 20 % à avoir peur de prendre ne serait-ce qu’une seule fois du cannabis et sont 75 % à l’avoir fait. Cinquante-six pour cent ont continué leur intoxication dans les douze derniers mois. Parmi eux, 20 % ont déjà consommé une autre drogue et 6 % l’ont fait au cours des douze derniers mois comme la globalité du groupe. Par contre, ils sont 71 % à penser que plus de 50 % de personnes en France ont déjà consommé du cannabis.
Consommateurs/Non Consommateurs à l’intérieur de l’échantillon
30À ce stade et afin de compléter notre analyse, il nous est apparu essentiel de croiser certaines données pour souligner les caractéristiques des personnes de l’enquête. Nous avons donc croisé les données sur les consommateurs de cannabis (au moins une fois) versus les non consommateurs puis les consommateurs actuels versus le reste du groupe.
31Sur la dangerosité du cannabis, sur la théorie de l’escalade, sur la dépénalisation, sur la vente libre du cannabis, sur l’obligation de soins, sur la peur de prendre du cannabis, les consommateurs expriment des opinions significativement différentes des non consommateurs (p < 0,001). Pour eux, le cannabis n’est dangereux que s’ils en fument tous les jours, ils n’ont pas peur d’en prendre, il ne conduit pas à l’utilisation d’autre drogues, c’estune atteinte à la liberté individuelle d’en consommer etc. Pour les consommateurs « actuels », on retrouve le même type de réponses sauf pour les deux questions concernant l’obligation de soins où cette valeur est moins significative mais encore sensible. Cette perception de la dangerosité du cannabis est fortement marquée par l’expérimentation. Ceux l’ayant expérimenté sont 4 fois moins nombreux à juger que le cannabis peut être dangereux dès qu’on essaye (61,5 % vs 15,2 ; p < 0,001) où qu’il n’est jamais dangereux (9,8 % vs 0,8 % ; p < 0,001)
32Le fait d’avoir consommé du cannabis et le fait d’en consommer encore au moment de l’enquête (nous dirons la proximité de la consommation) modifient de façon très significative les conceptions dans un sens plus permissif et banalisant de la consommation de ce produit.
Discussion
33Les limites de cette étude sont facilement perceptibles. La représentativité de l’échantillon peut être contestée en raison de la limitation géographique de l’étude et du nombre de personnes interrogées. Cependant, la structure de notre échantillon est comparable à celles des professionnels concernés en formation. La faiblesse relative de la proportion masculine a cependant laissé une empreinte importante dans les résultats mais constitue une constante de ces professions. La féminisation de notre échantillon n’est pas étonnante car les professions auxquelles se destinent ces étudiants, sont largement féminisées. En effet, si l’on considère l’éducation spécialisée, les effectifs féminins représentent à l’heure actuelle, 65 à 68 % de la profession [6]. Pour les infirmières, on retiendra le chiffre de 78 % de même que pour les professeurs stagiaires. Notre échantillon est dans chaque catégorie assez proche de ces chiffres même s’il a tendance à être légèrement plus féminisé.
34La deuxième limite concerne l’analyse statistique. Dans la mesure, d’une part, où le sex-ratio de notre échantillon est très déséquilibré et d’autre part, où l’âge des étudiants n’autorise pas une classification similaire à EROPP, nous ne pouvons pas faire de comparaison statistique valide avec le groupe d’âge EROPP correspondant. Cependant, nous pensons intéressant de donner également les informations provenant d’EROPP et portant sur la totalité de la population pour mieux percevoir les représentations sociales en jeu.
35Au-delà de ces limites, les réponses apportées par les personnes en formation interrogées qui ont rempli notre questionnaire, suscitent plusieurs réflexions. Tout d’abord, elles montrent une importance plus forte de la consommation par rapport à une classe d’âge proche (classe 18-34 ans sur EROPP). Enfin, chez toutes les personnes interrogées, il y a une surestimation en miroir de la consommation de cannabis au niveau de la population générale. Ce sont deux indicateurs très pertinents relevés par EROPP comme étant les marqueurs de groupes potentiellement à risque (classes 6 et 7).
36Ensuite, elle confirme l’information que les hommes sont plus consommateurs que les femmes et ce, de façon significative (Odd ratio = 3,43 et risque relatif = 1,44 et sur les 12 derniers mois p = 0,0046). Le fait d’avoir consommé et de consommer encore constitue ce que nous appellerons la proximité de la consommation [8] et modifie de façon nette et sensible les opinions concernant le cannabis. La dangerosité est moins perçue, les opinions sur la théorie de l’escalade ou encore sur la dépénalisation et la vente libre de ce produit sont prégnantes. Par ailleurs, le constat de consommation supérieure chez les hommes, ne se démontre pas dans le constat de différences significatives au niveau d’un groupe entre les hommes et femmes mais dans la sommation des différents groupes.
37Au sein de la population étudiée, les groupes d’éducateurs en formation ou de moniteurs éducateurs expriment des positions extrêmes concernant la consommation, les opinions et les représentations favorables du cannabis. À l’opposé, les professeurs des écoles en formation ont une attitude beaucoup plus « raisonnable » voire plus timorée qui semble peu basée sur des expériences personnelles mais sur des opinions plus proches de la population générale. Ils se situent beaucoup plus sur des positions « normatives ». Enfin, les infirmiers en formation présentent une position intermédiaire et ont conscience d’une dangerosité effective de la consommation de cannabis qui semble liée non seulement à leur formation spécifique mais également au fait de fréquenter ce type d’usagers dans les différents services où ils ont eu à faire des stages pratiques.
38Néanmoins, il ne faudrait pas tirer des conclusions hâtives et jeter l’opprobre sur une population. Des travaux ultérieurs [7] ont montré que ces différences entre lieux de formation s’estompent en analyse multi variée au profit d’autres variables.
39La consommation du cannabis se généralise et devient de ce fait plus importante chez des professionnels en contact avec des jeunes. Or ceux-ci, consommateurs potentiels en devenir, sont les cibles de la prévention. Cette situation pose question compte tenu des résultats que nous avons observés.
40Les dix dernières années ont vu la consommation de cannabis plus que doubler en France. Par ailleurs, en regard de cette banalisation, les connaissances sur le produit et les consommations soulignent le danger de cette installation du produit dans la société. En effet, après avoir longtemps cru qu’il n’existait pas de syndrome de dépendance à ce produit, celui-ci a été régulièrement mis en évidence [7, 9, 13, 15, 19, 23, 25]. Par ailleurs, des liens entre la consommation de cannabis et certains tableaux psychotiques ont étésoulignés sans que l’on puisse toutefois préciser de notion de causalité [1, 14]. Ces nouvelles connaissances vont à l’encontre des opinions d’innocuité relative circulant régulièrement et véhiculées largement dans les représentations concernant le cannabis, ses effets et sa diffusion. Pourtant, la banalisation pénètre peu la société y compris au niveau des professionnels de l’éducation et de la santé même s’ils sont confrontés professionnellement à des problèmes de dépendance.
41Pourtant, peu de travaux ont été consacrés à la banalisation. Ceux existants mettent en évidence une surconsommation masculine chez des sujets jeunes et urbains qui expriment généralement une connotation plutôt positive et une banalisation des effets du produit. Les jeunes associent le cannabis à la convivialité, la détente ou la fête. Il n’y a jamais de surestimation de ladangerosité du produit qui, dans l’imaginaire, ne conduit pas à la consommation d’autres produits. Par contre, il existe toujours une surestimation de la consommation de la population générale que nous retrouvons dans notre étude.
42Nous avons choisi de consacrer notre travail à la mise en perspective d’un groupe de futurs « acteurs de prévention en formation » dont le rôle dans la conception de dispositifs de prévention et d’éducation à la santé est inscrit dans les missions professionnelles (professeurs des écoles, infirmiers, éducateurs spécialisés). Les résultats généraux montrent une surconsommation masculine habituelle mais qui est cependant encore plus importante que la même tranche d’âge de la population générale (62 % vs 51 %) en ce qui concerne l’expérimentation. De même, il existe une consommation régulière et actuelle de cannabis plus fréquente que dans la même tranche d’âge de la population générale. Enfin, au sein des groupes, la population des éducateurs spécialisés donne une image particulière de cette profession avec une surconsommation et des idées qui les rapprochent des groupes les plus à risque mis en évidence lors de l’analyse d’EROPP 2002 (classe 7).
43Ceci n’est pas sans poser un certain nombre de questions.
44Le fait de consommer et d’avoir des idées très arrêtées sur la consommation de cannabis et ses effets ne risque-t-il pas d’influencer de façon importante les messages de prévention susceptible d’être véhiculés par les différentes professions dans le cadre de leurs différentes missions ? Or, on sait que les représentations sociales renvoient aux champs d’intervention et aux pratiques des intervenants. Il convient alors de se poser la question de savoir quelle est l’influence de ces représentations et opinions sur le travail quotidien. On sait en outre que les données scientifiques n’ont que peu de poids face à l’imaginaire social et que les représentations qui transparaissent derrière les déclarations des personnes enquêtées évoluent très lentement au niveau social comme personnel.
45Or, la perception de la non dangerosité supposée du produit entraîne une consommation plus importante [24]. Ceux qui perçoivent la « drogue » sous un jour favorable consomment généralement plus. Par contre, le fait que les personnes craignent la prise de drogue, est un facteur de protection important. Dans l’étude, il est intéressant de noter que les non-consommateurs se recrutent à la fois chez ceux qui ont une peur forte de prendre des produits mais également chez ceux qui sont particulièrement informés. Bien que les études nord américaines [4, 12, 17, 20] confirment ces éléments, elles soulignent que les garçons restent moins sensibles aux informations que les filles concernant les produits et ont plus tendance à prendre des risques. Ces indications nous semblent importantes pour des actions à entreprendre ultérieurement. Et c’est probablement au cours de la formation initiale des différents acteurs que peut être tentée la mise en place d’un corpus de connaissances concernant les addictions mais également sur les réalités concernant plus spécifiquement la consommation de haschich dans notre pays.
46Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l’alcool pour les années 2004/2008 (MILDT) prône au niveau de la population des plus jeunes des actions de prévention ciblée en particulier au niveau du cannabis. Compte tenu de ce que nous avons vu, en particulier au niveau des professeurs des écoles, le travail entrepris sous la direction du Pr D. Jourdan en partenariat avec l’Inpes et la MILDT qui vise à récoler les formations proposées en IUFM et à diffuser les outils élaborés par les différents formateurs, devrait apporter un éclairage nouveau et permettre de disposer d’outils didactiques et pédagogiques adaptés.
Conclusion
47Notre étude met en exergue quatre objectifs de santé publique : établir et diffuser des repères clairs sur les risques de la consommation de cannabis, prévenir ou retarder l’âge de l’expérimentation, diminuer l’usage et la fréquence de l’usage régulier, prévenir et prendre en charge de façon efficace l’abus. Ceci pourrait constituer la base pour la mise en place d’un programme structuré en milieu scolaire. La mobilisation des adultes peut se faire à travers les CESC et la mise en place d’une « éducation préventive adaptée ». L’introduction dans les programmes scolaires dans une approche globale en appui sur les disciplines enseignées devrait permettre à chacun d’accéder aux informations indispensables et contribuer à déconstruire les stéréotypes sociaux largement véhiculés. De plus, les CESC ont la capacité légale de construire un véritable suivi ainsi qu’un encadrement efficace au niveau des jeunes en difficulté. Les dispositifs PAEJ (Point d’accueil et d’écoute jeunes) peuvent également constituer des relais potentiels.
48Pour terminer, ce travail suscite de nombreuses interrogations. D’un côté, les professions enquêtées sont celles qui vont être au cours du déroulement de leur carrière en contact avec des jeunes auprès desquels ils auront à délivrer des messages de prévention ou d’éducation à la santé. De l’autre côté, on ne peut pas ignorer que les personnes qui ont pour mission de transmettre des informations et mettre en place des dispositifs de prévention, ont consommé ou consomment encore du cannabis et que pour certains cette consommation est banale. Les opinions et les représentations découlant de ces pratiques changent le regard sur la consommation de cannabis et ses effets. Quelle prévention et éducation à la santé peut-on proposer si l’on dispose de représentations sociales plutôt favorables à la consommation de cannabis ? Comment peut-on prendre conscience de ses propres représentations et de leur incidence sur la pratique professionnelle ? Est-on crédible en tant qu’acteur de prévention si l’on consomme soi-même ? Comment intégrer cette dimension de la consommation personnelle dans les actions de formation et de prévention ?
49Il paraît important de poursuivre le travail de recherche dans le domaine des représentations sociales dans le cadre de l’éducation à la santé que ce soit du côté des formateurs, des acteurs, des déterminants et de l’impact de leur action mais aussi du côté des publics destinataires.
Remerciements
Nous tenons à remercier F. Beck, responsable du pôle « Enquêtes en population générale » à l’OFDT pour son autorisation d’appliquer une version adaptée du questionnaire, monsieur le Professeur Charles Gardou, ISPEF, l’Université de Lyon, monsieur le Professeur Laurent Gerbaud, Faculté de médecine de Clermont-Ferrand et le Docteur Marie-Ange Grondin, Directrice adjointe de l’Observatoire régional de la santé d’Auvergne pour leur aide et leurs conseils.50Nous nous sommes intéressés aux questions suivantes :
51Données personnelles
52Q 5) Selon vous, à partir de quand devient-il dangereux pour la santé de fumer du haschisch ou du cannabis ?
53Q 11) Quel est, selon vous, le produit le plus dangereux parmi ceux cités précédemment ? (Alcool/Cocaïne/Ecstasy/Cannabis/Héroïne/Tabac)
54Q 12) Selon vous, de quel produit est-il plus difficile de se passer quand on a commencé à en consommer ? (Alcool/Cannabis/haschisch/Tabac)
55Q 13) Et ensuite ? (Alcool/Cannabis/haschisch/Tabac)
56Q 14) Certains disent que fumer du haschich ou du cannabis conduit à consommer, par la suite, des produits plus dangereux, êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?
57En France, la consommation de stupéfiants est interdite par la loi.
58Q 24) Pour le cannabis, pensez-vous que cette interdiction est une atteinte à la liberté individuelle ?
59Q 26) Certains disent que l’on pourrait autoriser la consommation de stupéfiants sous certaines conditions, en maintenant l’interdiction dans certains cas, par exemple avant de conduire ou pour les mineurs. Pour la consommation de cannabis, êtes-vous ? : Tout à fait d’accord/Plutôt d’accord /Plutôt pas d’accord/Pas du tout d’accord.
60Q 28) Certains pensent que le cannabis pourrait être mis en vente libre comme le tabac ou l’alcool, êtes-vous ? : Tout à fait d’accord/Plutôt d’accord /Plutôt pas d’accord/Pas du tout d’accord.
61Q 29) La loi prévoit une obligation de soins pour tous les consommateurs de drogues interdites, lorsqu’ils sont interpellés par la police. Pensez-vous que cette obligation est ? : Une très bonne chose/Plutôt une bonne chose/Plutôt une mauvaise chose/Une très mauvaise chose.
62Q 30) Et dans le cas des fumeurs de cannabis, pensez-vous que cette obligation de soins est ? : Une très bonne chose/Plutôt une bonne chose/Plutôt une mauvaise chose/Une très mauvaise chose.
63Q 31) Certains pensent que l’on peut arriver à ce que personne ne se drogue. Êtes vous d’accord ou pas d’accord avec cette opinion ? : Tout à fait d’accord/ Plutôt d’accord /Plutôt pas d’accord/Pas du tout d’accord.
64Q 33) Certains pensent qu’il faudrait permettre à certains grands malades de recevoir du cannabis sur prescription pour soulager leurs douleurs, êtes vous ? : Tout à fait d’accord/Plutôt d’accord /Plutôt pas d’accord/Pas du tout d’accord.
65Q 38) La loi prévoit la création de centres de soins pour les toxicomanes en concertation avec les mairies, les hôpitaux, la police et les habitants. Selon vous, c’est : Une très bonne chose/ Plutôt une bonne chose/Plutôt une mauvaise chose/ Une très mauvaise chose.
66Q 39) Et seriez-vous d’accord avec l’ouverture d’un tel centre dans votre quartier ?
67Q 40) Afin de diminuer les risques pour la santé, certains pensent qu’il faut informer les consommateurs de drogues sur la façon la moins dangereuse de les consommer. Êtes-vous ? :
68Q 47) Selon vous, l’information à l’école sur les autres drogues est-elle suffisante ?
69Q 48) Cette information est-elle utile ?
70Q 49) Cette information est-elle dangereuse ?
71Q 50 ) Vous-même, sur les drogues, pensez-vous être : Très bien informé/ Plutôt bien informé/Plutôt mal informé/Très mal informé.
72Q 51) La Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) est un organisme public. Elle a publié un livret d’information que l’on trouvait dans les kiosques. À propos de ce livret (entourez la réponse qui vous correspond) : Je l’ai lu/Je l’ai eu entre les mains/J’en ai entendu parler/Je n’en ai jamais entendu parler.
73Q 53) Si un de vos proches avait un problème lié à l’usage d’une drogue, à qui vous adresseriez-vous ?
74Q 62) Vous personnellement, auriez-vous peur de prendre, ne serait-ce qu’une seule fois du haschich ? Très peur/Plutôt peur/Plutôt pas peur/Pas peur du tout.
75Q 63) Vous personnellement, auriez-vous peur de prendre, ne serait-ce qu’une seule fois de l’héroïne ? Très peur/Plutôt peur/Plutôt pas peur/Pas peur du tout.
76Q 75) Y a-t-il, dans votre entourage (voisinage, amis, famille, collègues), des personnes qui consomment (ou ont consommé) du cannabis ? Oui, j’en connais au moins une personnellement/Oui, mais je n’en connais pas personnellement/ Non.
77Q 76) Y a-t-il, dans votre entourage (voisinage, amis, famille, collègues), des personnes qui consomment (ou ont consommé) une drogue interdite autre que le cannabis ou le haschich ? Oui, j’en connais au moins une personnellement/Oui, mais je n’en connais pas personnellement/Non.
78Q 77) Au cours de votre vie, avez-vous déjà consommé du cannabis ou du haschich ?
79Q 78) Pour ceux (celles) qui ont déjà fumé (du cannabis ou du haschich), l’avez-vous fait au cours des 12 derniers mois ?
80Q 79) Vous en a-t-on déjà proposé (du cannabis ou du haschich) ?
81Q 80) Au cours de votre vie, avez-vous déjà consommé une drogue interdite autre que le cannabis ou le haschich ?
82Q 81) L’avez-vous fait au cours des 12 derniers mois ? (Consommer une drogue interdite autre que le cannabis ou le haschich)
83Q 82) Vous en a-t-on déjà proposé (une drogue interdite autre que le cannabis ou le haschich) ?
84Q 83) À votre avis, aujourd’hui en France, combien de personnes ont déjà fumé au moins une fois dans leur vie du cannabis ?
85Tableau récapitulatif des réponses (en pourcentage) en fonction des groupes en formation (Professeurs des écoles PE, élèves Infirmiers IFSI 1 et IFSI 2, Élèves éducateurs spécialisés ESpé 1 et ESpé 2, Moniteurs éducateurs Mo Educ)
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Mots-clés éditeurs : formation initiale, cannabis, prévention
Date de mise en ligne : 01/03/2008
https://doi.org/10.3917/spub.075.0383Notes
-
[1]
Psychologue, Maître de conférences, IUFM de Lyon, laboratoire PAEDI, JE N° 2432, IUFM d’Auvergne.
-
[2]
Médecin psychiatre, SATIS CMPB, CHU Clermont-Ferrand.
-
[3]
L’exemple le plus net est advenu lorsque l’INSERM a publié un rapport d’expertise (expertise collective inserm. Cannabis. Quels effets sur le comportement et la santé ? Les Éditions Inserm, Paris 2001) et que les quotidiens de la presse nationale en ont eu des interprétations radicalement différentes voire opposées. Libération notait : « Fumer un joint de temps en temps n’est pas bien méchant » tandis que Le Figaro considérait que « les dangers du cannabis (sont) reconnus » et qu’enfin Le Monde annonçait que cette expertise « relativise les dangers de la consommation de cannabis ».
-
[4]
Nous avons donc demandé par courrier à M. F. Beck, responsable du pôle « Enquêtes en population générale » à l’OFDT, l’autorisation d’exploiter une version adaptée du questionnaire.