1 À l’issue de l’assemblée générale qui s’est tenue le 10 mai 2023, un nouveau conseil d’administration a été constitué qui m’a portée à la présidence de la Société française de santé publique. J’adresse mes sincères remerciements à celles et ceux qui m’ont élue.

2 Je mesure l’enjeu associé à cette Présidence et espère contribuer de façon significative au développement et à la reconnaissance de la santé publique dans toutes ses dimensions.

3 Je tiens à remercier l’engagement des précédents administrateurs, et à saluer l’investissement du Président sortant, Emmanuel Rusch, au cours de ces dernières années.

4 Cet éditorial est le fruit de la réflexion et d’échanges, il pose le cadre d’action dans lequel nous souhaitons collectivement nous inscrire au cours de ces prochaines années.

5 La santé publique est à l’interface d’une multitude d’acteurs, de disciplines, et de préoccupations. Agir en faveur de la santé et du bien-être des populations, c’est l’affaire de tous les acteurs impliqués dans le champ de la santé publique au sens large. La santé publique n’est pas qu’une spécialité médicale, elle est une approche collective, populationnelle, de la santé qui requiert diverses compétences. Aussi, la santé publique ne se résume pas à une vision médicale ou épidémiologique des maladies, elle intègre également la promotion de la santé, qui englobe des approches individuelles et structurelles. Mais la promotion de la santé n’a pas encore une place à la hauteur des bénéfices qu’elle peut générer sur la santé des populations. Si les soins médicaux et les progrès thérapeutiques sont indispensables, il est tout aussi important de rappeler que la majeure partie des facteurs qui contribuent à la santé ne dépendent pas d’eux. La santé est progressivement appréhendée de façon globale, en lien avec les multiples facteurs qui l’influencent et interagissent entre eux. Il s’agit de compléter l’approche axée sur des facteurs de risque et une causalité linéaire, par une vision holistique de la santé et du bien-être, déterminée par des interactions de facteurs environnementaux, organisationnels et personnels dans les environnements de vie (contextes et milieux de vie), qui constituent des systèmes dynamiques complexes. La santé se crée dans le cadre de vie des individus, et les individus vivent dans différents cadres de vie au cours d’une même période ou au cours de périodes qui se succèdent tout au long de la vie.

6 Un grand nombre d’acteurs sont susceptibles d’œuvrer pour la santé publique, mais cette communauté est dispersée. La Société française de santé publique est là pour les réunir, elle est un espace intégrateur, médiateur. Elle joue le rôle d’ensemblier d’acteurs qui leur permet de s’acculturer les uns aux autres. L’enjeu est de sortir de son milieu pour avoir une vision plus globale des situations et de porter une voix, de faire du plaidoyer en faveur de la santé et du bien-être. La Société française de santé publique permet de prendre du recul sur les situations pour les replacer dans un contexte plus vaste constitué de différents acteurs ayant chacun leur regard et expérience ce qui permet d’appréhender plus globalement les situations et d’essayer d’y apporter des solutions plus adaptées. Elle mise sur l’intelligence collective et les collaborations intersectorielles.

7 Le rôle de la Société française de santé publique est de rappeler ce qu’est la santé publique, de rappeler ce que sont les déterminants de santé, et que la promotion de la santé est une approche à soutenir. Son action couvre différents thèmes, elle les rassemble ; c’est une société qui décloisonne. Notre rôle est dans la transversalité, aux interfaces.

8 Axer nos préoccupations sur les déterminants « en amont » de la santé est un défi, car les moyens et les politiques sont principalement axés sur les déterminants « en aval » qui relèvent essentiellement du fonctionnement des systèmes de soins médicaux. Il n’est pas dit là qu’il ne faut pas s’y intéresser, mais il est nécessaire de rééquilibrer la balance et de donner une place prépondérante à la promotion de la santé, en lui allouant les moyens nécessaires à sa mise en œuvre. Il est temps de rendre possible la santé dans toutes les politiques, c’est à dire de permettre que les questions de santé soient prises en compte dans la conception et l’élaboration des politiques de tous les secteurs, aux différentes échelles territoriales.