Des déficits de la mémoire à court terme/mémoire de travail sont observés fréquemment chez le patient cérébrolésé, dans les troubles neurodégénératifs, dans les troubles neurodéveloppementaux ainsi que dans d’autres situations neurologiques. Comme nous allons le voir, la mémoire de travail (MT) est une fonction cognitive particulièrement complexe qui émerge de l’interaction de nombreux autres systèmes cognitifs tels que l’attention et la mémoire long terme verbale/visuo-spatiale et de leur fonctionnement intégré, synchronisé et en direct. C’est probablement cette complexité et interactivité qui fait que la MT est un système très fragile. L’objectif de ce chapitre est de traiter les aspects « rétention » de la MT, les aspects « traitement et manipulation » étant abordés dans le chapitre 13 de Vallat-Azouvi et Camos de ce volume. Notons cependant d’emblée que la rétention des informations en MT n’est pas un processus passif et implique également toute une série de processus de contrôle attentionnel et exécutif/stratégique. Pour cette raison, nous préférons l’utilisation du terme « mémoire de travail » au terme « mémoire à court terme », car il n’y a pas de limite stricte entre les situations de stockage simple (mémoire à court terme) et les situations de traitement et de stockage, les deux situations dépendant des mêmes processus cognitifs, mais à des degrés divers (voir Cowan, 2017, pour une discussion approfondie). Avant d’aborder les troubles de la MT et leur évaluation chez le patient adulte, nous allons présenter une vue intégrée et actualisée des conceptualisations récentes de la MT, et qui justifie les arguments développés dans ce paragraphe introductif…