La capacité à maintenir temporairement des informations verbales et visuo-spatiales dans un format actif et conscient est une fonction essentielle pour la réalisation de nombreuses opérations cognitives (raisonnement, comparaison, calcul mental, acquisition d’un nouveau vocabulaire, répétition d’un nouveau numéro de téléphone, compréhension de phrases, imagerie mentale). Un déficit de cette capacité est rarement observé de façon isolée, mais apparait fréquemment en association avec d’autres déficits chez des patients présentant un traumatisme crânien, une aphasie, des troubles épileptiques ou des troubles neurodégénératifs (démences sémantiques ; maladie d’Alzheimer).
Un déficit de la mémoire à court terme verbale est un déficit particulièrement tenace et fréquent chez des patients ayant présenté des troubles langagiers, et ceci même après avoir récupéré de leurs troubles langagiers. Traditionnellement, ces déficits ont été examinés à la lumière du cadre théorique de la mémoire de travail élaboré par Baddeley et Hitch (1974 ; voir Baddeley, 1986). Ce modèle considère l’existence de trois composants : la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial, deux sous-systèmes spécialisés dans le stockage des informations verbales et visuo-spatiales, respectivement, et l’administrateur central qui intervient quand l’information ne doit pas simplement être stockée, mais quand elle doit également être transformée, manipulée ou coordonnée (p. ex., dans les tâches d’empan de chiffres à rebours ou les situations de double tâche)…