Si l’on retient que les nouvelles orientations qui sous-tendent la rénovation urbaine, la réussite éducative ou le décrochage scolaire sont soumises à des influences transnationales, alors le détour par l’étranger représente une ressource particulièrement utile pour appréhender le mouvement transformateur en cours. Aussi revenons-nous ici sur les dynamiques de collaboration franco-québécoises auxquelles nous participons depuis 2008 (Annexe, § 4.2, § 4.3, § 5.2 et § 6.1).
Souvent mise en avant pour la qualité de son travail social, l’action sociale québécoise apparaît, à nos yeux français, comme une sorte d’entre-deux par rapport aux réalités anglo-saxonnes (Lefèvre, Boismenu, Dufour, 2011, p. 117). Privilégiant historiquement les solidarités familiales et paroissiales, sa fabrication est marquée par le développement communautaire, d’autant que « le Québec baigne dans la culture nord-américaine qui reconnaît la légitimité des corps intermédiaires dans la délibération publique » (Bourque, 2013, p. 39).
Si, depuis la fin des années 1960 et la Révolution tranquille, les organismes communautaires sont l’objet d’une reconnaissance publique régulièrement affichée, ils cohabitent désormais avec un réseau public de services sociaux fortement structuré qui affirme de plus en plus son leadership sur la mise en œuvre territorialisée des politiques sociales. Cette double institutionnalisation (dynamiques communautaires versus grandes organisations publiques) donne lieu à des tensions certaines (Morel, Boisvert, 2005 ; Jette, 2008, 2010)…
Date de mise en ligne : 19/06/2019